Manuel Valls, qui a commencé cette semaine une campagne-sprint de 40 jours, appelle à une primaire massive... pour renverser les pronostics.
Une berline s’arrête en toute discrétion hier à midi au coeur de Paris. Il n’y a plus de gyrophare, plus de cortège officiel dans son sillage : depuis mardi, Manuel Valls, 54 ans, n’est plus Premier ministre. Sous sa pression – bien qu’il s’en défende –, François Hollande a dû jeter l’éponge : il ne sera pas candidat à sa succession. Valls n’est pas redevenu pour autant un citoyen ordinaire.
S’il a démissionné, c’est pour briguer l’investiture de la primaire de la gauche. L’homme qui nous accorde son premier grand entretien dans la presse, apparaît libéré. Concentré, il s’apprête à livrer une bataille incertaine. « Rien n’est écrit », répète-t-il comme un leitmotiv. Et pour se rassurer, il ajoute aussitôt : « J’aime les campagnes électorales ».
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D’ici là, l’ex-collaborateur de Michel Rocard et de Lionel Jospin, qui se revendique « social-réformiste et homme de gauche », se prépare. « Pour le moment, je suis nomade », sourit-il, après voir choisi un café du IIIe arrondissement pour l’interview. Dans quelques jours, lui et son équipe vont prendre possession de leurs 350 m2 de locaux de campagne, près de la bibliothèque François-Mitterrand (Paris XIIIe). Faut-il y voir un symbole ? « Un hymne à la culture », appuie Valls qui dit vouloir reprendre « une politique de grands travaux ».
Lors de la primaire de la droite, on a parlé d’un phénomène « tout sauf Sarkozy ». Redoutez-vous dans celle de la gauche un « tout sauf Valls » ?
Manuel Valls : Non car mon objectif, c’est de rassembler pour gagner. Je veux la réussite de cette primaire. Ma candidature est une révolte face à une disqualification annoncée de la gauche à la présidentielle. La gauche peut se réveiller, retrouver de l’espoir. Rien n’est écrit, rien n’est joué. La gauche est challengeur dans cette élection. Mais, moi, je crois que nous pouvons gagner.
On annonce entre sept et huit candidats à la primaire de la gauche. Pourquoi cette inflation ?
Il est normal que des candidats expriment des sensibilités différentes. La gauche, c’est le débat. Mais dans ce moment-là, avec les déséquilibres du monde, avec une extrême droite aux portes du pouvoir, et le programme particulièrement dur de François Fillon, qui incarne une droite rétrécie et rabougrie, ma responsabilité est de créer l’unité. Et les candidats qui ne participeraient pas à la primaire doivent prendre conscience du risque qu’ils feraient courir à la gauche d’être éliminée. Cette primaire est une occasion extraordinaire d’aller à la rencontre des gens. Plus il y aura de monde, plus la dynamique sera forte. J’appelle toutes les femmes et les hommes de gauche, de progrès, mais d’une manière générale tous les Français à venir voter massivement les 22 et 29 janvier !
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Avez-vous contribué à empêcher François Hollande d’être candidat ? Avez-vous peur de le payer ?
Ça suffit avec cette thèse ! Laisser penser que François Hollande se serait fait imposer ce choix est insensé... Il faut le respecter et ne pas l’instrumentaliser. Ma relation avec lui est faite de respect, d’affection, nous avons tant partagé notamment au moment des attentats... Cela crée des liens à tout jamais.