Plusieurs milliers d’Iraniens ont manifesté vendredi à Téhéran pour protester contre le projet d’union entre Bahreïn et l’Arabie saoudite, qualifié de "complot américano-sioniste" par l’imam de la prière dans la capitale, selon les images montrées par la télévision d’Etat.
Portant des drapeaux bahreïnis rouge et blancs, les manifestants se sont rassemblés après la prière hebdomadaire devant l’université de Téhéran en criant "Mort au traître Al-Saoud", mort à l’Amérique" et "Mort à Israël".
Le pouvoir iranien avait appelé à des manifestations populaires dans le pays pour dénoncer "le plan américain d’annexion de Bahreïn par l’Arabie saoudite" et "exprimer leur colère contre les régimes laquais d’Al-Khalifa et d’Al-Saoud", les dynasties régnantes des deux pays.
L’Iran dénonce violemment depuis une semaine un projet d’union entre l’Arabie saoudite et le petit royaume de Bahreïn.
Téhéran a estimé que ce projet violait les droits de la population bahreïnie et ne pouvait qu’aggraver la crise dans ce pays.
Il s’agit d’"un complot pour annexer Bahreïn à l’Arabie saoudite", a dit l’ayatollah Kazem Sedighi dans son sermon. Les dirigeants saoudiens et bahreïnis "l’appellent une union mais ils veulent que Bahreïn perde son identité plutôt que de répondre aux revendication de sa population".
"Les Iraniens et les peuples musulmans du monde ne tolèreront pas cette conspiration américano-sioniste", a-t-il poursuivi en ajoutant que son seul résultat serait d’"apporter le déshonneur à l’Arabie saoudite".
A Bahreïn, même scénario à une différence : la répression sans égale des forces armées du régime des Al-Khalifa !
Des milliers de personnes ont manifesté à Bahreïn à l’appel de l’opposition pour contester un projet d’union saoudo-bahreïnie, dénoncé par leur chef spirituel l’ayatollah Issa Qassem, selon des témoins.
Défilant sur la route de Boudaiya, reliant plusieurs villages autour de Manama, les manifestants, dont certains étaient drapés des couleurs nationales rouge et blanc, ont scandé des slogans hostiles au projet d’union.
"Non à l’union, Bahreïn n’est pas à vendre", "Le pays n’est pas mis aux enchères", ont répété en choeur les protestataires qui répondaient à un appel de l’opposition, notamment chiite, à une manifestation de masse sous le slogan "Prêts à se sacrifier pour Bahreïn".
Les organisateurs de la manifestation se sont engagés à prévenir "tout débordement" ou tout slogan "portant atteinte" aux autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a indiqué le ministère de l’Intérieur sur Twitter.
A la fin de la manifestation, l’opposition a souligné "le droit du peuple bahreïni à l’audétermination".
"Toute décision qui touche à la souveraineté de Bahreïn (...) sans consulter le peuple par voie d’un référendum (...) représentatif sera nulle et non avenue", a ajouté l’opposition dans un communiqué.
Elle accuse les autorités de chercher, par le projet d’union, à "fuir" leurs responsabilités face "à la profonde crise politique et constitutionnelle" que connaît Bahreïn depuis la sanglante répression l’an dernier d’un mouvement de contestation réclamant une monarchie constitutionnelle dans ce petit royaume.