Nous avons donc un nouveau Président, et un nouveau gouvernement. Ce dernier apparaît comme le résultat de tractations politiciennes, mais aussi d’une alchimie subtile visant à donner au Président tout pouvoir sur la politique menée par le pays. Qui peut encore croire que « le Premier ministre conduit et dirige la politique du pays » selon les termes de la Constitution ? Les récentes fuites sur les relations des conseillers d’Emmanuel Macron avec les journalistes [1] confirment le tournant autoritaire de la Présidence Macron. Au-delà de ce fait, qui n’est pas anecdotique, les impasses de la politique voulue par le Président se révèle au fur et à mesure que les jours passent.
Un Président et un gouvernement peu populaires
Ce gouvernement commence d’ailleurs avec une côte de popularité très faible [2], une situation tout à fait inhabituelle sous la Vème République, et qui montre qu’il n’y aura pas « d’état de grâce ». C’est le signe des limites du « ni Droite, ni Gauche » proclamé par Emmanuel Macron. Il est ici intéressant de comparer les côtes de popularités des Présidents lors de leur investiture ainsi que celle des Premiers ministres.
Cote de popularité à l’investiture
Sondage Elabe [3]
La présidence Macron est relativement semblable à celle de Jacques Chirac en 2002. Mais, il a fait un choix d’ouverture qui se rapproche plus de celui de Nicolas Sarkozy en 2007. Dans les deux cas de figure, les écarts sont importants.
Écarts de popularité de la Présidence Macron à l’investiture
Ces résultats en disent long sur l’incertitude dans laquelle se trouve une majorité des Français. Emmanuel Macron n’a visiblement pas reçu de mandat de son élection. Il devra convaincre dès qu’il commencera à gouverner. Pour autant, certains de ses choix peuvent apparaître habiles : il en va ainsi de la nomination de Nicolas Hulot à un ministère étonnement appelé de la « Transition écologique » alors que la transition en question est avant tout énergétique ou de Laura Fiessel, la « guêpe ».
D’autres sont véritablement inquiétants, comme la nomination de Blanquer à l’Éducation nationale. Non que ce dernier, patron de la DEGESCO sous Nicolas Sarkozy, ne connaisse l’administration de l’Éducation nationale ; bien au contraire. Mais, il avait fait preuve d’une très grande rigidité dans ses choix, et d’une certaine brutalité dans leur application. Il n’est nullement une figure de la « société civile » ou du « renouvellement » comme décrit dans la presse.