Louis Farrakhan, chef afro-américain suprémaciste de l’organisation Nation of Islam, coutumier des dérapages, a comparé les juifs à des insectes nuisibles lors d’un discours. Malgré le tollé, Twitter n’a pas supprimé la publication.
Coutumier des polémiques, le leader afro-américain Louis Farrakhan, chef de l’organisation religieuse et suprémaciste Nation of Islam, a comparé lors d’un discours, le 14 octobre, les juifs à des termites. Malgré le tollé déclenché par ces propos racistes, Twitter n’a pas supprimé la publication litigieuse, arguant que sa charte n’était pas encore entrée en vigueur.
I'm not an anti-Semite. I’m anti-Termite. pic.twitter.com/L5dPQcnVg4
— MINISTER FARRAKHAN (@LouisFarrakhan) 16 octobre 2018
Le chef de Nation of Islam, 85 ans, prononçait un discours lors d’un rassemblement célébrant le 23e anniversaire du Million Man March (Jour de l’expiation) le 14 octobre à Detroit. Très en verve, il s’est lancé dans une diatribe contre les milieux juifs qui lui seraient hostiles devant une audience acquise. « À ceux de la communauté juive qui ne m’aiment pas, merci de répandre mon nom dans le monde entier. À cause de votre peur de ce que nous représentons, je peux aller partout sur la planète et faire parler de Farrakhan », a-t-il vitupéré.
Dans une posture rappelant les codes du stand-up, le chef religieux s’est mis en scène : « Quand ils parlent de Farrakhan... Ils disent que je suis haineux, vous savez ce qu’ils font, ils disent que je suis antisémite. Mais arrêtez ça ! Je suis anti-termite ! » a-t-il lancé, hilare, visiblement satisfait de son jeu de mot. « Je ne sais rien de la haine de l’autre liée à des préférences religieuses », a-t-il ajouté.
Cette saillie douteuse a immédiatement déclenché une polémique, faisant réagir jusqu’à Chelsea Clinton, la fille de l’ancien président américain Bill Clinton, qui a jugé sur Twitter que « comparer les juifs à des termites [était] antisémite, mauvais et dangereux ».
Fait étonnant, Twitter, réseau sur lequel la vidéo a été relayée, n’a pas daigné supprimer la publication litigieuse. La raison avancée par le réseau répondant à Buzzfeed est que sa charte sur les « propos déshumanisants »... n’est pas encore entrée en vigueur. En septembre 2018, Twitter avait pourtant publié sur son blog un post évoquant les nouvelles mesures concernant les discours haineux. Le réseau visait le « langage déshumanisant », « qui traite les gens d’êtres inférieurs à des humains [...] en leur niant des qualités humaines (déshumanisation animale) ». « Les exemples peuvent inclure la comparaison de groupes humains à des animaux ou des virus », avait expliqué la publication.
La sévérité de Twitter à géométrie variable
Twitter avait en juillet exercé une action punitive envers le leader suprémaciste Louis Farrakhan en supprimant le macaron bleu de certification de son compte Twitter. Le ministre autoproclamé avait à l’époque publié un texte évoquant « les juifs sataniques et la synagogue de Satan ».
Le réseau est coutumier des démêlés avec ses utilisateurs aux positions politiques tranchées, en pratiquant par exemple le shadow ban, soit le blocage du moteur de recherche pour certains comptes. Le 7 septembre, il a suspendu définitivement les comptes d’Alex Jones, connu pour son émission InfoWars, jugée complotiste et d’extrême droite. Mais tant que ses nouvelles options de charte ne seront pas entrées en application, la politique du deux poids, deux mesures continuera à régner sur Twitter...