Monsieur le Ministre,
C’est avec stupéfaction que j’ai découvert sur les réseaux sociaux une lettre vous étant adressée par M. Alain Jakubowicz pour le compte de la LICRA, dans laquelle l’impétrant vous somme d’enquêter sur une épidémie de « quenelles » au sein de l’armée française.
Ulcéré par le geste rendu populaire par l’humoriste Dieudonné que deux militaires français n’ont pas hésité à revendiquer devant une synagogue, M. Jacubowicz sollicite « solennellement l’ouverture d’une enquête permettant d’identifier les deux militaires mais également que des sanctions exemplaires soient prises à leur encontre ».
Le simple fait que des associations communautaires se permettent de donner des ordres, fussent-ils mâtinés de doléances, au ministre de la Défense est un affront fait au peuple français.
En tant que citoyen, je suis choqué que l’éminente dignité de votre fonction soit ainsi bafouée par l’exercice de ce lobbying que l’on sait en réalité, en dépit de son apparat moral, éminemment politique.
Mais ce dysfonctionnement démocratique est devenu trop familier pour que je sois contraint par mon honneur de vous écrire.
Car M. Jacubowicz ne se contente pas de vous intimer d’assainir les rangs de l’armée française, qu’il feint de respecter pour l’occasion, il justifie les injonctions qu’il vous adresse par la raison que la dite quenelle correspondrait « au salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah ».
Faut-il déduire de cette affirmation que le salut nazi fidèlement reproduit signifierait inversement l’érection des victimes de la Shoah ?
Auquel cas, il serait de salubrité publique que ceux qui font un usage si profitable de ces victimes se distinguent par un geste sans équivoque, se démarquant ainsi par l’authenticité de cet odieux détournement.
Monsieur le Ministre, le caractère sodomite de la quenelle est à comprendre en termes de retour de bâton. Si ce geste rencontre un tel succès dans la jeunesse de notre pays, c’est par la satisfaction qu’il procure de critiquer le pouvoir sans subir la censure asphyxiante de ses gardiens.
Il est très grave que M. Jacubowicz utilise la communauté juive pour exercer cette police de la pensée dont il est un représentant éminent. Mais il est véritablement obscène qu’il se serve de la mémoire des juifs massacrés lors de la Seconde Guerre mondiale pour tenter de réduire au silence un humoriste français et son public.
C’est pourquoi je vous prie de mesurer par la présente lettre, Monsieur le Ministre, combien le français juif que je suis est écœuré par ce genre de récupération abjecte et perverse.
S’il vous arrivait par aventure de désirer qu’un terme soit mis à cette épidémie d’espiègle irrévérence, je vous suggère de servir davantage le peuple français que la LICRA.
Ainsi, en défendant les intérêts de la France et de son peuple au détriment de ceux qui veulent les réduire au silence, vous ôterez à ce geste viral sa raison d’être tout en honorant l’office qu’il vous incombe de remplir.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma haute considération.
Max Lévy