Si nos adversaires disaient la même chose que nous, on se poserait des questions, se remettrait un peu en cause, ou on leur tendrait la main. Pas le NPA.
Les sympathiques trotskistes de Révolution permanente (c’est pas une sorte de coiffure ébouriffée mais un concept marxiste, repris par Trotsky, et devenu le titre de cette publication estampillée NPA) ne voient pas ou ne veulent pas voir dans quelle impasse logique ils se sont fourrés.
Dans leur livraison du 12 novembre 2015, les « révolutionnaires permanents » s’attaquent à Christine Lagarde et son « humanisme de façade ». Elle vient en effet de jeter un pavé grand comme un building (voir le siège du FMI ci-dessous) dans la mare médiatique en clamant « ouvrons nos frontières aux migrants ». Voici la réaction du rédacteur :
« La priorité immédiate est de venir en aide aux réfugiés » : tels sont les mots de Christine Lagarde. Une déclaration ô combien cynique quand on sait le rôle joué par cette dernière à la tête du Fonds Monétaire International (FMI) dans le développement de la misère dans le monde. Depuis 1976, l’organisation internationale mène une lutte acharnée pour garantir la pérennité des intérêts des grands patrons et des actionnaires en maintenant les pays pauvres dans la misère. Le principe est simple : l’organisation fait des prêts aux pays en difficulté financière en échange de la signature de « plans d’ajustement structurel ». Ceux-ci visent à garantir le retrait de l’État et du service public, la déréglementation du travail et l’ouverture aux capitaux étrangers : en somme, que les grandes entreprises impérialistes des pays occidentaux puissent continuer à disposer d’une main d’œuvre toujours plus exploitée et nombreuse. Dernier fait d’armes du FMI, en coopération avec la Commission Européenne et la Banque Centrale Européenne, le saccage en règle de la Grèce qui s’est vue obliger de céder toutes ses richesses aux investisseurs rapaces et de liquider le droit du travail sur l’autel de l’austérité.
On l’a compris : le FMI, c’est mal. Et on se demande : mais alors, si Christine, qui représente le libéralisme, et les « trots », veulent la même chose, pourquoi s’en prendre à elle ?
Parce que son humanisme n’est que de « façade ». Et celui des trotskistes est pur. Selon eux, Christine « cherche à se repositionner sur un créneau humaniste moins de deux ans avant les présidentielles où elle pourrait se présenter ». Et de citer un sondage Harris de septembre 2015 disant que 50% des Français (interrogés, n’est-ce pas, pas d’amalgame avec les vrais Français) verraient en elle « une bonne présidente ».
Traduction : le trotskisme a le monopole de l’humanisme, qui se concrétise par l’ouverture des frontières à nos frères migrants. Pas touche au tiroir-caisse et à la base idéologique des apôtres de Léon Trotsky et ses descendants. Pourtant, quand on s’intéresse un peu à l’Économie et à la Politique, de manière non manichéenne, et qu’on croise ça avec quelques rudiments d’Histoire, on découvre que le trotskisme chez nous a fini par lutter contre les vrais anticapitalistes, à savoir les communistes, et les nationalistes. Comme si ce néotrotskisme était une création du grand patronat destinée à limiter l’influence des Rouges dans les entreprises, les syndicats, et les partis politiques. Certes, Trotsky n’était pas un ultralibéral, mais qui peut nier que la partie visible de son mouvement en France est devenue parfaitement libéralo-compatible ?
Il ne s’agit pas seulement de la confluence libérale libertaire, mais d’un humanisme de bon aloi qui rejoint les besoins du grand Capital : adieu frontières, adieu nations, traditions, terroirs, adieu résistances. Car, jusqu’à preuve du contraire, seule la Nation peut résister au grand foutoir que nous prépare l’oligarchie. C’est pour cela que les trotskistes, qui ne sont qu’une poignée, ont toujours eu voix disproportionnée au chapitre, dans les médias. Les centaines de milliers de militants ou de sympathisants communistes qui préparent et vont à la Fête de l’Huma n’ont plus droit, eux, qu’à une lucarne « citation » dans les JT de 13 heures du week-end.
En face, on a tous vu Besancenot jouer au révolté gentil chez Drucker. C’est pas ce chaton édenté qui va faire flipper possédants et dominants !
Tous contre la France !
Inversement, les vrais résistants à l’oligarchie, les vrais « socialistes », qui plus est nationalistes, sont considérés comme le diable par la socioculture. A-t-on jamais vu un reportage de l’équipe investigation de Canal+ dézinguer le NPA (1), l’extrême gauche, la gauchosphère ? Ben non, puisqu’ils sont du même bord. On applaudit la performance : ils ont réussi à se glisser dans les postes-clés des médias, pour y imposer leur humanisme qui n’est que le masque du libéralisme, antisocialiste et antinationaliste. D’ailleurs, dans les médias, il n’y a que ça, cette fausse opposition entre libéraux et libertaires, un débat biaisé puisqu’ils ont le même but, à des étages différents.
Dassault/Mélenchon, Macron/Taubira, Valls/Plenel, oppositions de façade, discours complémentaires. Avant la paire Lagarde/Besancenot, qui incarne l’axe capitalistes/anticapitalistes, ou FMI/NPA, on a eu droit à l’axe DSK/Dray, avec en plus une amitié affichée entre les deux hommes. Là, il y avait confusion complète. C’était un peu gros.
Pour bien comprendre la collusion entre la gauche dite révolutionnaire et le Système, imaginez un instant Alain Soral invité chez Michel Drucker, ou Dieudonné. Déjà que la Marine est persona non grata chez Mimi… Qui fait des listes, comme Patrick Cohen. Des listes certes moins touffues, mais des listes quand même, et tout à fait assumées.
Le service public audiovisuel leur appartient, que voulez-vous.
Alors, les révolutionnaires permanents (fonctionnaires de la révolution ?), quand ils s’en prennent à Christine du FMI, ont-ils conscience de s’en prendre à leur taulière, à celle qui, de manière indirecte mais bien réelle, les autorise et les encourage même à scander leur humanisme bêlant ? Ah, elle est dure l’objectivité politico-historico-économique.
On finira sur un petit proverbe de notre cru :
« Là où le trots voit un gentil frère humain, le boss lui voit un bénef très malin ! »
(1) Le NPA, c’est quoi ?
Une succursale du PS, lui-même succursale du libéralisme. Raison pour laquelle les militants sincères du parti « anticapitaliste » ne voient pas leur patronne Christine, qui crèche deux étages au-dessus. Le NPA est une opposition factice au capitalisme, fabriquée et entretenue médiatiquement dans le but de neutraliser la véritable opposition, sociale et nationale celle-là.