Les gouvernements des États membres de l’UE ont conclu un accord de principe sur le différend de longue date portant sur les salaires des fonctionnaires européens pour la période 2011 - 2012.
À la fin de l’année 2013, la Cour de justice européenne avait décidé que les États membres avaient le droit de bloquer une augmentation des salaires et des pensions de 1,7% pour le personnel des institutions européennes au titre de 2011. Elle avait justifié cette décision de gel des salaires des fonctionnaires européens par la « détérioration subite et grave de la situation économique et sociale » de cette année là, en se référant à une clause d’exception (Annexe XI, article 10).
Le nouvel accord entérine le fait que les fonctionnaires européens n’auront pas d’augmentation pour 2011, et qu’ils recevront un complément de 0,8% de leur salaire au titre de 2012.
L’accord doit encore être formellement approuvé par le Parlement européen, mais « habituellement, le parlement européen prend partie pour les fonctionnaires européens », affirme le député PS néerlandais Dennis de Jong sur le blog de son parti :
« Les États membres de l’UE sont mis sous pression pour accepter une augmentation des salaires en dépit du fait qu’il avait été décidé que ceux-ci seraient gelés. Au même moment, les agents, qui, en plus de leurs salaires parfois mirobolants, bénéficient de toutes sortes d’avantages, ne trouvent pas cette offre suffisante et envisagent de prendre des mesures. C’est le monde à l’envers. Les fonctionnaires des Pays Bas gagnent un salaire de misère par rapport à leurs collègues européens, et pourtant on leur a imposé un gel des salaires pendant un certain nombre d’années. Il est évident que les fonctionnaires européens vivent dans une tour d’ivoire. Plutôt que d’envisager des mesures pour obtenir des salaires plus élevés, ils feraient mieux de se montrer solidaires avec leurs homologues nationaux ».
De Jong critique depuis longtemps ce qu’il appelle « les salaires trop élevés de Bruxelles ». Il estime que les salaires les plus élevés des fonctionnaires de Bruxelles devraient être les mêmes que ceux des fonctionnaires d’États membres tels que les Pays-Bas et l’Allemagne. « Cela reviendrait effectivement à les réduire de moitié », précise-t-il. Il veut aussi se débarrasser de ce qu’on appelle la prime d’expatriation, une indemnité de 16% qui vient s’ajouter au salaire, versée parce que l’agent travaille à l’étranger. « Peut-être qu’aux débuts de la coopération européenne, travailler à Bruxelles était exotique et qu’une compensation additionnelle pouvait être justifiée. Cependant, ce n’est plus le cas, et de ce fait, il est incompréhensible que les agents puissent recevoir une prime plutôt qu’un remboursement direct de leurs frais de déménagement et de toutes les dépenses initiales au moment de leur arrivée », dit-il.
Une petite étude de Die Welt avait montré que 11 117 eurocrates gagnaient 12 444 euros par mois. Il s’agit de fonctions telles que les assistants personnels et les traducteurs principaux. C’est une somme plus importante que celle qui est créditée mensuellement sur le compte d’Elio Di Rupo, des vice-Premiers ministres belges et du Premier ministre néerlandais Mark Rutte. Selon les données de la Commission Européenne, les eurocrates les mieux payés percevraient des traitements de l’ordre de 18 370 euros mensuels.
En attendant, les médias francophones sont restés relativement discrets sur cette augmentation de salaires…
Voir aussi, sur E&R :
« L’Union européenne compte 4,1 millions de sans-abri ... et 11 millions de logements vacants »