Le vendredi 27 juillet 2012 à 22h00 (heure française) se déroulait la fameuse et tant attendue cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres. Cette cérémonie a débuté, comme le veut désormais la tradition, avec un spectacle doté pour l’occasion d’un budget exceptionnel destiné à promouvoir la beauté du pays organisateur.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, plus d’un milliard de téléspectateurs ont suivi l’évènement et 34 millions d’euros furent investis pour l’occasion*. De quoi profiter de cette tribune exceptionnelle pour émerveiller la planète via la magie londonienne, mais pas seulement.
N’étant ni naïf pour croire que « l’establishment british » ne coopterait pas le spectacle des jeux afin de diffuser sa propagande cosmopolite, ni crédule au point de penser que tous les détails liés à cet évènement ne sont pas tous scrupuleusement étudiés et mis en scène. Quand on bâtit un scenario qu’un terrien sur sept va être susceptible de suivre sur son écran, l’improvisation et l’imprécision sont des critères proscrits.
Panem et circenses
Mais qu’est-ce-que les publicitaires mondialistes de masse nous ont-ils concoctés cette fois -ci ? Il est vrai que les jeux olympiques doivent, pour eux, être une épine dans le pied.
Imaginez donc : des nations fières et enracinées qui s’affrontent à égalité de chance dans un but honorifique. Mieux encore : des milliers d’athlètes gracieux et virils qui portent dignement leurs drapeaux nationaux et se surpassent abondamment pour la gloire du pays qu’ils représentent.
De quoi donner la nausée aux élites cosmopolites et apatrides qui ne rêvent que d’unité planétaire et de destruction des identités. Il fallait faire quelque chose. Pourquoi ne pas tenter de dévier cette compétition un peu trop patriotique aux yeux des organisateurs en une gigantesque foire internationaliste ?
Voilà la soupe que l’on nous a servi ce soir-là. Tout a débuté par un formidable clin d’œil faussement humaniste lors de l’introduction du premier acte de la présentation. Celui-ci, censé représenter un tableau de ce qu’était l’Angleterre à l’époque médiévale, démarrait de manière plutôt originale.
En effet, les téléspectateurs les plus avisés ont pu s’étonner que ce portrait brossé par les publicistes comportait quelques éléments étranges ; notamment en constatant que durant cette époque la population noire britannique était présente et dans des proportions conséquentes. Un choix curieux.
De la même manière, il est de notoriété publique que nos ancêtres les gaulois étaient tous basanés et avaient même les yeux bridés, c’est une évidence !
L’histoire est réécrite et quiconque ose montrer que la population extra-européenne n’existait que peu ou prou avant 1950 dans les territoires britanniques est susceptible d’être attaqué pour provocation révisionniste. Mais passons sur ce « détail de l’Histoire », la suite est encore plus subtile et croustillante.
La technologie progresse, l’Homme recule
L’enchainement se poursuivit sur la base d’une critique dithyrambique et cynique à l’égard de la révolution industrielle. On y voyait des hordes d’ouvriers serviles baignées dans le torrent du « progrès » en acceptant servilement (et avec le sourire s’il-vous-plaît) l’esclavage du prolétariat qui leur est imposé.
Peut-être s’agissait-il d’un message destiné aux peuples mondialisés pour qu’ils se préparent mentalement à se faire à l’idée d’un futur où les conditions de travail seront aussi respectées que l’est le droit international actuellement ?
Pas une seconde d’image objective sur ces gueules noires qui ont souffert et payés parfois de leurs vies dans cet épisode que l’on devrait glorifier à outrance sans tenir compte des sacrifices subis par le peuple pour que cette révolution prospère.
Tout ce théâtre au départ boisé et verdoyant laissait place à un tout autre décor au fur et à mesure de l’avancée du spectacle : un décor composé de cheminée, de fumée et de béton le tout encensé par des percussions et autres musiques entrainantes.
Je suppose que les téléspectateurs que nous étions étaient là aussi censés s’extasier devant ce recul de la Nature qui devait indéniablement mourir pour garantir les objectifs de productivité des Hommes. Ça doit être ça vu que les présentateurs – évidemment enthousiastes et unanimes - ne trouvaient plus de superlatifs assez élogieux pour qualifier ce qui se déroulait devant leurs yeux ; le mot « chef d’œuvre » fut quand même lâché par qualifier cette révolution grise.
Evidemment les présentateurs en question - nés avec une cuillère en argent dans la bouche - n’ont surement jamais connu le travail en quart ni même la douloureuse sensation de s’éreinter sans relâchement pour gagner un salaire de misère ; ce n’est donc pas une surprise s’ils ont préféré jouir de la chose plutôt que d’évoquer les souffrances passées d’un prolétariat dénigré.
Mais, comme cela se dit outre-Manche, « the show must go on » ; il ne fallait surtout pas s’arrêter en si bon chemin. S’en est donc suivi d’autres auto-congratulations pour remercier les bienfaits de la Sainte Télévision, toujours intègre, éducatrice et apolitique comme chacun le sait.
D’ailleurs, pour ceux qui exprimeraient des doutes, nos présentateurs bien aimés se sont empressés de rajouter que (je cite) « la télévision est un pilier de l’identité britannique » ; cela va de soi. De même que le métro, qualifié « d’icône » a eu lui aussi son petit moment de célébrité.
Les mauvaises langues diront qu’il s’agit du seul moyen de locomotion encore un peu abordable pour les classes moyennes et populaires, condamnées à se déplacer sous terre, entassées comme des rats, pendant de longues minutes d’attente au milieu des émanations de sueur et de renfermé.
La soirée ne pouvait pas se terminer ainsi ; il fallait appuyer un peu plus dans les crânes des insoumis pour que le message mondialiste passe mieux. Certes, la rhétorique de « rassembler les hommes » était répétée de manière continue mais la Pravda pouvait faire encore mieux. La scène d’amour finale semblait être une occasion unique de marquer efficacement les esprits.
Pour les Candide et les lents d’esprit, un rappel s’annonçait nécessaire ; l’apothéose devait être puissant et clair à la fois. Claire, comme la couleur de peau des deux figurants qui ont accaparés notre petit écran pendant plusieurs minutes, éminemment représentatifs des jeunes britanniques d’aujourd’hui et montrés comme tels !
Il faut croire que les personnes ayant le malheur d’arborer de manière trop ostentatoire leurs origines caucasiennes sont persona non grata pendant les jeux. La foule, précédemment excitée par le show et les paillettes doit comprendre que - comme le disait notre Julien Dray national entre deux séances d’essai de Rolex- « son avenir c’est le métissage ».
Si, pour imposer aux consciences réfractaires et rétrogrades que nous sommes, on doit exhiber longuement une jeunesse métissée, heureuse et épanouie, alors c’est le prix qu’il faut payer. Que les masses se rassurent, pour les prochains jeux olympiques, nous aurons le droit de voir deux hommes s’embrasser pour clore la cérémonie et enfoncer un peu plus le clou. Enfin, si d’ici là les nations existent encore …