Directrice générale de Facebook depuis mars 2008, Sheryl Sandberg a immédiatement cherché à rendre la compagnie rentable en lançant des formats publicitaires qui avaient été jusqu’alors négligés par la direction. Pari réussi, puisque l’entrée en bourse de Facebook a fait d’elle l’une des femmes les plus riches du monde, mais aussi l’une des dix plus influentes selon le magazine Forbes [1]. Mais à y regarder de plus près, il semblerait que cette « superwoman féministe » n’ait pas attendu Facebook pour faire valoir ses réseaux, largement développés au sein du gouvernement, des think tanks et des grandes entreprises américaines.
Sheryl Kara Sandberg, juive ashkénaze, est née à Washington le 23 aout 1969 d’un père ophtalmologiste et d’une mère professeur de français titulaire d’un doctorat.
Entrée en 1987 au Harvard College , où elle obtient en 1991 sa licence en sciences économiques, elle y fait une rencontre décisive pour le reste de sa carrière, en la personne de Lawrence Summers, alors professeur, qui se propose de l’aider à soutenir son mémoire sur le rôle de l’économie dans les violences conjugales.
Ce dernier, visiblement sous le charme de ses talents, la recrute comme assistante lorsqu’il est nommé chef économiste de la Banque mondiale en 1991. Elle reste à ses cotés pendant deux années avant d’intégrer la Harvard Business School, d’où elle ressort avec un diplôme de maîtrise en administration des affaires (MBA) en 1995 [2].
Elle travaille alors pour McKinsey & Company comme conseillère en stratégie et épouse son premier mari, un homme d’affaire du nom de Brian Kraff.
En 1999, lorsque Lawrence Summers devient secrétaire au Trésor des États-Unis, elle accepte sa proposition de poste comme chef de service ; elle s’occupe alors du programme d’allégement de la dette des pays en voie de développement.
En 2001, elle rejoint Google comme vice-présidente des ventes et opérations internationales en ligne et développe aussi deux activités qui lui seront très utiles pour le reste de sa carrière : la branche philanthropique de la compagnie, Google.org, et le système publicitaire du moteur de recherche Google, AdWords.
En 2004, elle épouse son deuxième mari, David Goldberg, directeur général de SurveyMonkey. Cette compagnie a reçue 100 millions de dollar de financement en dette de la Bank of America, de Merrill Lynch et de Sun Trust Robinson Humphrey [3]. Goldberg fait parti du conseil d’administration du Live Planet [4], une grosse société de production audiovisuelle. Auparavant, il a été le consultant d’un cabinet de conseil en stratégie et management, « Bain & Company », membre du conseil d’administration de I Like, directeur du journal The Washington Post Company, ou encore membre du NARAS (National Academy of Recording Arts and Sciences), qui est un organisme de musiciens et de producteurs de l’industrie musicale [5].
En 2007, Sheryl Sandberg rencontre brièvement Marc Zuckerberg, mais c’est seulement quelques mois après leur deuxième rencontre, lors du forum économique mondial de Davos (auquel elle participe tous les ans), en Suisse, qu’elle intègre l’équipe Facebook. Elle rejoindra aussi en 2009 le conseil d’administration de Walt Disney et de Starbucks Corporation [6].
Par ailleurs, elle est aujourd’hui membre de plusieurs think tanks : le Brookings Institutions, qui est un des plus anciens think tanks américains, le Hamilton Project, le Center for Global Development. Mais surtout, comme Lawrence Summers (premier président juif d’Harvard), elle est membre du CFR, le Council on Foreign Relations [7].
Elle a aussi fait parti du jury pour le Secretary’s Innovation Award for the Empowerment of Women and Girls, financé par la fondation Rockefeller et dont le but est de promouvoir des idées novatrices afin de transformer la vie des femmes dans le monde [8].
Bien sûr, elle ne néglige pas non plus ses relations communautaires puisqu’elle a fait partie en 2010 des intervenants du Jewish Community Federation’s Business Leadership Council. Elle a aussi interviewé (en tant que dirigeante de Facebook) Shimon Peres, président d’Israël en 2012, pour parler des technologies de l’Internet, de sa carrière de politicien et de son prix Nobel de la paix [9].
Son militantisme féministe l’amène à écrire Lean in, un livre à succès féministe, qu’elle assortit à la création d’un réseau d’entraide entre femmes, qu’elle finance à travers sa fondation… (Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’équipe dirigeante de cette association est essentiellement composée de femmes richissimes [10].) Ce livre controversé est critiqué par de nombreuses femmes qui reprochent à Sandberg de ne pas être la mieux placée pour parler des difficultés des femmes dans la société, étant donné qu’elle est l’une des plus riches du monde, possédant une propriété de 900 m², un jet privé, des nounous… facilitant grandement sa recherche d’équilibre entre sa vie privée et sa vie professionnelle [11].
Selon le Business Insider, elle devrait bientôt quitter Facebook pour se consacrer à sa « révolution féministe », dont elle a d’ailleurs fait la promotion au tout dernier forum de Davos [12].
Comme noté précédemment, elle a gardé de son passage chez Google et de sa collaboration avec Lawrence Summers le goût pour les activités « philanthropiques », faisant parti du conseil d’administration du Women for Women International, qui vient en aide aux femmes ayant survécu à la guerre, du Somalie Mam Foundation, qui lutte contre l’esclavage moderne et le trafic d’êtres humains, et de la campagne « One », qui lutte contre l’extrême pauvreté et les maladies en Afrique [13].
Coté politique, elle à versé 35 800 dollars à l’Obama Victory Fund en 2011, sa plus grosse donation politique officielle, qui représente le montant maximum autorisé, puis 2 500 dollars pour sa réélection… Selon le site Politico.com, elle était pressentie pour intégrer le gouvernement Obama après sa réélection [14].
Les appartenances de Sheryl Sandberg a plusieurs groupes d’influence et organisations communautaires illustrent comment le pouvoir d’une minorité d’individus s’organise : au travers de réseaux puissants échappant complètement à l’illusoire jeu de la démocratie. La liste de ses différents points d’appuis, des organisations féministes, sionistes, pseudo tiers-mondistes, en parallèle de mainmises sur le secteur des médias et de l’audiovisuel ressemble à un résumé caricatural du projet communautaire évoqué par tous ces « antisémites » qui délirent au sujet d’un certain lobby... Lequel, bien sûr, n’existe pas.