Pascal Boniface, le très intéressant directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), fut membre un temps du Parti socialiste dont il fut un cadre jusqu’à son éviction. Chassé du PS, l’universitaire a retrouvé une liberté de ton largement incompatible avec la pensée corsetée, « cosmopolitiquement » correct qui règne au sein de la nomenklatura socialiste. Sa dernière analyse du « phénomène » Caroline Fourest le prouve largement. Mais avant de nous y arrêter, il n’est pas inutile de rappeler les causes de l’exclusion de M Boniface.
Celle-ci se fit en deux temps. Lors de la campagne présidentielle de 2002 il créa l’émoi (hypocrite ?) de nombreux caciques de la rue de Solferino en publiant une note sans afféterie qui expliquait au candidat Lionel Jospin que pour des raisons d’arithmétique électorale, il devait durcir le ton à l’égard d’Israël pour s’attirer les suffrages des « jeunes », de l’électorat arabo-musulman. La pilule avait eu du mal à passer mais M. Boniface signa son arrêt de mort avec la sortie l’année suivante de son ouvrage « Est-il permis de critiquer Israël ? ». La provocation de trop pour des éléphants du PS qui obtinrent son limogeage le 18 juin 2003.
Pierre Moscovici estimait alors que le directeur de l’Iris ne pouvait plus « parler au nom du parti ». Lors de la tenue des « Douze heures pour Israël », manifestation organisée par le Crif à l’occasion de la venue de Benyamin Netanhayu, en présence notamment de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, Dominique Strauss Khan avait attaqué avec virulence la « note non autorisée » remise à Jospin par M. Boniface. Ce dernier avait dénoncé vertement dans son livre la « campagne de calomnie » dont il aurait été l’objet depuis cette fameuse note, estimant « avoir été jeté en pâture au public par un dirigeant de son propre parti ».
A l’heure ou Caroline Fourest vient de sortir avec sa complice Fiametta Venner un livre sur Marine Le Pen, d’ores et déjà très médiatisé, et pourtant très médiocre, particulièrement mal écrit et bourrés d’erreurs factuelles, Le Post a eu la bonne idée de publier un « digest » des appréciations de Pascal Boniface sur la citoyenne Fourest. Le directeur de l’Iris lui consacre en effet un chapitre dans son dernier ouvrage « Les intellectuels faussaires ».
Dans ses commentaires sur cette journaliste, chroniqueuse au Monde, à France Culture, et habituée des plateaux de télévision (belle illustration de la société de connivence…) Pascal Boniface n’est certes pas tendre mais très lucide dans sa description, exemples à l’appui, d’une « intellectuelle faussaire » et d’ une « sérial-menteuse » . « Régulièrement elle attribue à ses adversaires des positions, sans doute critiquables mais qui ne sont pas les leurs, ou des faits répréhensibles…inexistants ».
« Au tribunal de Fourest, poursuit-il l’acte d’accusation tient lieu de preuve. La vigueur de l’accusation est inversement proportionnelle à la rigueur de la démonstration ». « La grande force de Caroline Fourest note-t-il encore, est d’enfourcher les chevaux de bataille largement majoritaires dans l’opinion et plus encore parmi les élites médiatiques… »
Un constat que l’on peut étendre à la très grande majorité du personnel politique qui squatte indûment les antennes, à charge pour eux de capter « le temps de cerveau disponible » pour y déverser leur camelote idéologique. Pascal Boniface le sait, mais il ne peut pas non plus tout écrire. Faute de temps ?