Sujets censurés, conflits d’intérêts, présentateur autoritaire : les témoignages s’accumulent qui mettent en cause le fonctionnement du prestigieux magazine d’enquête de Canal+.
Pourquoi nos appareils ménagers durent-ils moins longtemps ? Pourquoi nous vend-on à tour de bras des extensions de garanties ? Autant de questions auxquelles répondait une enquête efficace d’Envoyé Spécial, diffusée le 10 février 2010 sur France 2. Sauf qu’à l’origine, le sujet aurait dû passer sur Canal+. Précisément dans la case de Spécial investigation, le prestigieux magazine d’information du lundi soir, qui l’avait commandé, mais n’en a pas voulu.
Les raisons du refus ? Le film égratignait les magasins Darty et Boulanger, les plus gros vendeurs de décodeurs de la chaîne cryptée à l’époque. La censure est réalisée à la demande de la direction de Canal+. « Canal+ a payé un film 100 000 euros pour ne pas le diffuser, tout en autorisant le producteur, Ligne de mire, à le vendre ailleurs !, confie à Télérama un proche de l’affaire. Du jamais vu ! »
Comme les nombreux témoins que nous avons rencontrés pour cette enquête, cette source a exigé l’anonymat. Tant chez les producteurs qu’en interne, personne ne veut se fâcher avec Stéphane Haumant, le tout puissant présentateur-rédacteur en chef de Spécial Investigation. Les uns pour ne pas voir fondre leurs commandes de films, les autres pour ne pas perdre leur emploi. Les émissions dédiées à l’investigation sont rares dans le PAF. Celle de Stéphane Haumant paie bien. Même si les griefs sont nombreux.