Le "traité transatlantique", programmé depuis longtemps, fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines avec l’approche des élections européennes.
C’est le point 23 du mandat définitif de négociation de cette grande zone de libre-échange entre l’UE et les États-Unis qui fait le plus polémique. Il s’agit du mécanisme de protection des investissements qui conduira des groupes privés à attaquer les États, via un tribunal d’arbitrage, s’ils considèrent que la politique de ceux-ci nuit à leurs investissements. Cela signe la fin de la démocratie et un retour aux féodalités économiques.
Ce mécanisme scandaleux éclipse les autres dommages que causera ce nouveau traité. Je veux bien évidemment parler de toutes les conséquences négatives pour les intérêts économiques français et nos services publics.
Les normes américaines feront foi
Le traité transatlantique implique la fin des droits de douane entre les deux blocs. Cela a finalement assez peu d’impact puisque les droits de douane sont déjà très faibles dans l’UE vis-à-vis de l’extérieur (3,1 %). Le danger vient évidemment de la suppression progressive de toutes les barrières non tarifaires, notamment les normes, qu’elles soient sanitaires, juridiques ou environnementales, normes qui sont les dernières protections existantes dans le cadre d’une UE libre-échangiste et naïve commercialement.
Tant sur le plan comptable, financier, environnemental que sanitaire, il est évident que ce sont les États-Unis qui vont imposer leurs normes à l’UE et cela pour au moins trois raisons :
- Les États-Unis sont encore la plus grande puissance économique du monde ;
- Les États-Unis ont une vision claire, cohérente et unifiée là où l’UE n’est qu’un amas d’États avec des intérêts nationaux complètement divergents. L’union fait la force quand tout le monde va dans le même sens. Par nature, c’est l’inverse qui se produit avec l’UE ;
- l’UE présentée aux Européens comme un moyen de faire contrepoids aux États-Unis est en réalité une création américaine au service de ses intérêts géostratégiques [4]. Les derniers événements en Syrie et en Ukraine ne font que le confirmer. Ce nouveau traité est à cet égard en cohérence totale avec ce qu’est réellement l’UE.
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