Selon des informations révélées par le quotidien britannique The Guardian, l’armée américaine serait prête à changer de stratégie en Afghanistan et à accepter des négociations de paix avec de hauts responsables talibans.
Jusqu’à présent, le président américain, Barack Obama, s’était montré réservé sur la possibilité de telles discussions, vivement encouragées par le président afghan, Hamid Karzaï.
Selon un cadre de la Maison Blanche, cité par The Guardian, "la solution militaire n’existe plus", "ce qui veut dire que nous devons trouver autre chose". Ce changement de paradigme intervient quelques semaine après la démission du général Stanley McChrystal, chef des opérations en Afghanistan, alors que la stratégie américaine sur le front est en pleine évaluation et devrait connaître d’importants changements d’ici à la fin de l’année.
Toujours selon The Guardian, les négociations avec les talibans pourraient être conduites par l’intermédaire de pays tiers, comme le Pakistan et l’Arabie saoudite. Un processus qui s’annonce long et délicat, d’autant plus que certains interlocuteurs incontournables, comme le mollah Omar, chef des talibans en Afghanistan, sont impliqués dans les attentats du 11-Septembre.
Les Américains ont d’ailleurs imposé trois conditions à l’amorce de négociations : que le taliban désireux de coopérer ait rompu tout lien avec Al-Qaida, qu’il ait renoncé à toute violence et qu’il reconnaisse la constitution afghane. Des conditions jugées "ridicules" par un diplomate pakistanais, vu la position difficile des Etats-Unis à l’heure actuelle.
En visite à Islamabad lundi, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a encouragé le gouvernement afghan à avancer dans son propre programme de réconciliation visant à rallier les rebelles talibans. Elle a cependant invité à la prudence et au discernement entre les groupes insurgés : "Nous conseillerions fortement à nos amis afghans de négocier avec ceux qui sont prêt à s’engager pour un avenir pacifique, si leurs idées peuvent s’exprimer dans les urnes au niveau politique, et pas par la force des armes", a-t-elle déclaré.
Les révélations du Guardian interviennent à la veille de l’ouverture à Kaboul d’une conférence internationale des donateurs sur l’avenir du pays. La conférence, à laquelle participent 60 pays, doit marquer une nouvelle étape dans le lent processus d’émancipation du gouvernement afghan, censé à l’avenir pouvoir diriger le pays et se défendre seul, après le départ des troupes américaines et de l’OTAN qui y sont déployées depuis la fin 2001.