Début septembre, la ville de Bruxelles commémorera les rafles de 1942. Une démarche courageuse mais l’AMS est indignée par l’invitation officielle.
Dans l’entourage du bourgmestre de Bruxelles, l’on trouve que l’Association pour la mémoire de la Shoah, active autour du psychiatre Eric Picard, pousse le bouchon un peu loin.
Le 2 septembre prochain, soit la veille du 70e anniversaire des rafles qui après avoir ciblé Anvers ont touché Bruxelles, le collège des bourgmestre et échevins organise, en effet, avec l’appui du Comité de coordination des organisations juives de Belgique, une "cérémonie de reconnaissance officielle de la participation de l’autorité locale mise en place par le pouvoir occupant, durant la Seconde Guerre mondiale, dans la déportation de citoyens bruxellois".
Il ne fallut pas davantage que cette formulation pour que l’Association pour la mémoire de la Shoah traite le bourgmestre socialiste de la ville de révisionniste, peut-on lire dans les colonnes de nos confrères de La Libre Belgique.
Une réaction d’autant plus surprenante que rien n’oblige le collège de la ville d’organiser cette cérémonie alors que le Sénat n’a lui toujours pas discuté et encore moins approuvé le rapport sur la "Belgique docile", soit l’étude terminée voici cinq ans déjà (!) et réalisée par le Centre guerre et sociétés contemporaines que notre Chambre haute avait elle-même commandée aux historiens du Square de l’Aviation !
Apparemment, il y beaucoup de rancune dans la réaction du groupe auquel on doit la pose de pavés de la mémoire car si la manifestation se déroulera sous la coupole des associations juives, c’est bel et bien grâce à l’AMS qu’elle a été initiée.
Mais l’on sait que l’Association pour la mémoire de la Shoah dérange ceux qu’elle qualifie elle-même de notables, à savoir les principales organisations juives tant bruxelloises qu’anversoises qui n’apprécient guère son côté "poil à gratter".
Reste que Bella Swiatlowski, administratrice de l’AMS, ne décolère pas face à ce qu’elle considère d’abord comme une "faute historique" : "C’est bien l’administration communale de la ville de Bruxelles, dirigée par un collège démocratiquement et constitutionnellement élu, qui a confectionné le Fi chier des Juifs-Jodenregister, et non point une autorité locale mise en place par l’occupant".
Pire, à ses yeux, la formulation est ni plus ni moins révisionniste : "La complicité de l’administration dans la déportation que le collège de Bruxelles nomme de façon euphémique participation ne s’est pas faite au détriment de citoyens bruxellois, mais uniquement au détriment des Juifs habitant la commune. L’administration a constitué un seul fichier anticonstitutionnel et criminel : le Fichier des Juifs-Jodenregister mais il n’y a jamais eu de fichier des citoyens bruxellois".
Mme Swiatlowski ne s’arrête pas à ces constats. Evoquant la responsabilité politique de l’administration actuelle de Bruxelles, elle dit que cette responsabilité est également morale. Et d’estimer qu’"elle doit conduire à un dédommagement, sous une forme à déterminer, de la communauté juive ainsi attaquée et dont les organisations souffrent encore aujourd’hui des séquelles des assassinats dont ses membres ont été victimes".
Nicolas Dassonville, le porte-parole de Freddy Thielemans, a confirmé que la Ville ne modifierait pas l’invitation. Il trouve plutôt "déplacée" l’accusation de révisionnisme formulée par l’AMS. "C’est un débat très important pour le respect des victimes et pour le devoir de mémoire". Et puis sous le vocable des "citoyens bruxellois", l’on évoquait aussi, fût-ce indirectement, les Tsiganes si souvent oubliés dans la mémoire de la Shoah