Ce printemps il y a 71 ans – alors que l’armée allemande avait percé les lignes françaises – le Premier ministre britannique Winston Churchill s’envola pour la France pour se concerter avec ses alliés prêts au combat, pour savoir comment on pouvait arrêter la progression allemande.
« Où est votre réserve stratégique ? » demanda Churchill au commandant en chef français Maurice Gamelin avec insistance, et il répéta en français : « Où est la masse de manœuvre ? »
« Aucune » répondit Gamelin, « il n’y en a aucune ».
Les Français n’avaient pas de réserves pour empêcher les Allemands d’envahir leur pays. La bataille de France était perdue.
Malgré sa grandiose stratégie destinée à provoquer une reprise rapide et vigoureuse de la grande récession, le gouvernement Obama se trouve devant un goulet d’étranglement semblable. Il a tiré et joué toutes ses cartes : la loi d’encouragement à 800 milliards de dollars, trois déficits nets d’en moyenne 1,4 billion de dollars, l’achat massif aux banques mondiales de valeurs toxiques par la Federal Reserve et une « Quantitative Easing » (QE2), c’est-à-dire l’achat mensuel d’emprunts d’Etat pour 100 milliards de dollars chacun qui échoit le 30 juin.
Au vu des chiffres qui furent annoncés en mai, Obama semble être du côté des perdants. La croissance faiblarde du premier trimestre 2011 semble tourner court et la menace d’une récession « Double Dip » (double plongée) se rapproche dangereusement.
Alors que l’Administration prévoyait pour le mois de mai une croissance de places de travail d’environ un quart de million – ce qui fut le cas en avril –, mai ne généra que 55 000 jobs. Le pourcentage de chômeurs remonta à 9,1%.
Dans l’industrie l’évolution positive de l’emploi s’inversa. Dans la production, 5000 places de travail furent perdues. La confiance des consommateurs fut ébranlée.
Aujourd’hui, deux millions de maisons sont toujours vides au USA, ce qui exerce une pression massive sur les prix de l’immobilier. Un quart des maisons américaines ne valent pas le prix qui a été payé pour leur hypothèque.
Janet Yellen, la vice-présidente de la Federal Reserve, dit : « Quand je considère l’avenir, je ne vois malheureusement pas de solutions rapides ou simples pour les problèmes qui obèrent toujours le marché de l’immobilier. » La guérison sera un processus « long et lent ».
L’économiste Robert Shiller, qui inventa l’index « S&P/Case-Shiller » pour les valeurs immobilières, affirme qu’un nouveau recul des prix de l’immobilier de 10 à 15% au cours des cinq années à venir, « ne me surprendrait nullement ».
Le malaise économique a commencé à nuire à l’humeur de la nation et à son attitude envers le président.
Presque 90% des Américains pensent que leur économie est épouvantable ou en mauvais état. 60% estiment que la nation est menée dans la mauvaise direction. 48% s’attendent à une deuxième grande dépression pour l’année prochaine. Moins que 40% qualifient de bon la prise en main de l’économie par Obama.
Dans un nouveau sondage, Mitt Romney précède le président avec 49 contre 46 points pour les élections de 2012.
La question qui se pose à Obama, et en fait au Congrès et à la nation, est : Que faisons nous maintenant ?
Ben Bernanke, le président de la Federal Reserve a fait remarquer qu’il n’y aura pas de QE3, plus d’achats de la FED de papiers du gouvernement américain pour 100 milliards de dollars par mois. Il faudra trouver ailleurs des acheteurs pour ces dettes américaines de 1,2 billions de dollars par an.
Et face à une économie stagnante ou en récession, les démocrates du Capitole commencent à se distancier de toute sévère coupe dans le budget. De même, il est encore moins probable que les républicains voteront une augmentation d’impôts pour réduire le déficit de 1,5 milliards de dollars.
En fait : Quelle théorie économique préconise des réductions ou des hausses d’impôts quand l’économie a des ratés ou plonge dans une récession ?
La stagnation économique reconnue ne diminue pas seulement les chances que les deux partis, concernant le budget, trouvent un arrangement, mais elle montre également la voie vers le cul-de-sac de la limite supérieure de l’endettement.
Les républicains insistent déjà pour une réduction des dépenses d’un dollar pour chaque dollar d’augmentation de la limite supérieure de l’endettement. Et le pays semble se tenir derrière la position du « Grand Old Party ». Si le Sénat et la Maison blanche n’approuvent pas les limitations de dépenses de 2 billions de dollars, nous n’augmenterons pas la limite supérieure de l’endettement de 2 billions de dollars.
D’ici le mois d’août, le gouvernement américain ne sera pas à court d’argent pour payer ses factures. Mais les marchés n’attendront pas longtemps pour se faire une idée de la probabilité de cessation de paiement des Etats-Unis.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment se fait-il que le pays le plus riche et le plus fort de l’histoire, qui a été victorieux dans la Seconde Guerre mondiale et durant la guerre froide, se soit si vite rapproché de l’état de l’empire espagnol ou britannique lorsque ceux-ci ont entamé leur déclin ?
Réponse : Nous nous sommes engagés au-dessus de nos moyens. Nous nous sommes mis en faillite nous-mêmes.
Nous nous sommes engagés pour la défense de nations dans le monde entier, lesquelles n’ont rien à voir avec nos intérêts nationaux. Nous avons mené des guerres inutiles. Nous avons distribué des billions en aide étrangère à des ingrats, des incompétents, des opportunistes et des voleurs.
Nous avons promis à tous nos aînés la sécurité sociale et des soins médicaux subventionnés pour la fin de leurs jours et nous avons omis de mettre l’argent de côté pour payer cela. Nous avons biffé la moitié des salariés américains de la liste des contribuables et nous avons en même temps créé un immense Etat providence pour éclipser tout ce dont rêvaient Norman Thomas et ses socialistes dans les années 1930.