Ce n’est pas un catalogue touristique vantant la beauté des paysages du Sahara algérien ni un rapport géophysique mettant en valeur son énorme potentiel minier et énergétique qui est venu rappeler aux Américains l’intérêt de cette vaste région, objet de toutes les convoitises. C’est une analyse publiée par le « Combating Terrorism Center » (CTC) de l’Académie militaire de West Point qui a passé à la loupe ce qui se passe actuellement dans cette région névralgique.
L’analyse signée par une chercheuse spécialisée dans les questions politiques et sécuritaires de la région d’Afrique du nord et du Sahel, Hannah Armstrong, a paru il y a une semaine. Une version française vient d’être publiée par l’Institut Frantz Fanon [1].
Pourquoi cette institution américaine a-t-elle choisi ce moment précis pour publier cette étude, qui ne se contente pas d’analyser le contexte économique et social des mouvements de protestation des jeunes chômeurs, et en quoi peut-elle nous renseigner sur les perceptions stratégiques de ceux qui sont censés influencer l’élaboration de la politique étrangère américaine en direction de la région d’Afrique du nord et du Sahel et plus particulièrement de l’Algérie ?
[...] La question devient d’autant plus lancinante que la nouvelle conjoncture géostratégique régionale recommande une prise de conscience aigüe des interférences existant entre les questions sociales et politiques internes et les ingérences extérieures de nature diverse qui cherchent à instrumentaliser tous les facteurs de tension sociale pour pousser leurs pions et préparer le terrain au « grand jeu » quand viendra le jour « J ». Il faut être bien naïf pour croire qu’une région aussi vaste et aussi riche – le Sahara algérien est classé troisième à l’échelle mondiale en ce qui concerne les réserves de gaz de schiste sans parler des réserves de gaz conventionnel d’autres minéraux comme l’uranium – puisse laisser indifférentes les puissances étrangères qui parient sur le pillage des richesses de la planète pour assurer leur suprématie stratégique.
Jusqu’ici et quoi qu’en dise une certaine propagande visant à le discréditer, le mouvement des jeunes chômeurs du Sud est resté dans son écrasante majorité pacifique et ancré aussi bien dans ses revendications sociales légitimes que dans son attachement à l’unité nationale. Il n’en demeure pas moins qu’à l’instar de tout mouvement social, ce mouvement n’est pas à l’abri d’infiltrations et de manipulations en provenance de groupuscules politiques et d’ ONG aux desseins inavoués. Des indices probants montrent que certains activistes entretiennent des rapports avec des ONG connues pour leurs liens avec des centres spécialisés dans la subversion transnationale au nom de l’exportation de la démocratie, comme l’organisation américaine Freedom House, proche des cercles néoconservateurs du parti républicain et dont une des personnes ressources en Algérie n’est autre que Abderrazak Mokri, le nouveau leader des Frères musulmans du MSP, qui viennent de nouer une curieuse alliance avec le RCD dans le cadre de la campagne de boycott de l’élection présidentielle.