Le rouble n’est pas remonté à 75 RU pour un euro, mais a chuté pour atteindre ce niveau plancher, à partir duquel la cotation a été suspendue faute de liquidité. Loin d’être des attaques extérieures, il semblerait que ces emprunts ont été au contraire le fait d’acteurs internes à la Russie, des entreprises russes, qui devaient faire face à des obligations financières en devises fortes, alors que l’accès aux liquidités en euros ou en dollars n’est plus possible auprès des banques russes qui ne peuvent plus emprunter sur le marché de la dette dans ces devises. Les grandes entreprises comme Rosneft ou Gazprom, bénéficient au contraire de facilités de refinancement directement en roubles, puisqu’elles peuvent emprunter directement auprès de la banque centrale qui achètent des obligations émises en roubles avant d’en changer le montant en devises fortes. La baisse du rouble est à replacer dans le contexte d’effondrement des devises des pays émergents, qui comme la Russie, bénéficiaient des liquidités en dollars ou en euros émises par les banques commerciales occidentales pour financer le capital circulant de leurs entreprises ou la spéculation dans l’immobilier ou sur les valeurs titres actions/obligations. Ces liquidités à court terme sont en train de refluer massivement vers les Etats-Unis, du fait de la situation de déflation prévalant dans ces pays et de l’affaiblissement du système du pétrodollar. Pour la première fois depuis 1974, la contribution nette des pays producteurs de pétrole à été négative, en termes de flux investis dans les obligations souveraines américaines. Ce manque de liquidité des titres américains pose la question d’une remontée des taux, du fait du manque d’acheteurs extérieurs. Le double effet de la baisse du prix de l’énergie et du détournement des revenus du pétrole vers d’autres devises que le dollar a produit un retour massif des liquidités en dollars vers les valeurs "refuge" que sont les obligations européennes et américaines, qui elles bénéficient de taux très bas. Le problème est donc plus complexe qu’il n’y paraît et semble résulter avant tout de l’accès trop libéral aux liquidités en dollars, dont les entreprises russes ont largement profité pour financer leurs investissements à bon marché, jusqu’à une une remise à niveau brutale des compteurs, tenant compte de la détérioration durable du climat économique dans les économie émergentes victimes de leur boulimie monétaire entretenue par les banques centrales occidentales.
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