Egalité et Réconciliation
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Le peuple d’Ossétie du Sud a payé cher pour son indépendance

Août 2008 a été pour beaucoup un moment tragique, mais aussi un tournant dans l’histoire contemporaine de l’Ossétie du Sud. L’agression du 8 août, déclenchée par les autorités géorgiennes, contre la population de l’Ossétie du Sud a démontré l’impossibilité de maintenir l’Ossétie du Sud au sein de la Géorgie. Dmitri Medoev explique la façon, dont le destin de la république a changé durant ces deux dernières années.

Le 26 août 2008, la Russie a été la première à reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud. Quels sont les résultats concrets de la coopération entre la Russie et l’Ossétie du Sud ?

- Après la signature du décret par le président russe de la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud, des travaux actifs pour la création d’une base juridique des relations bilatérales ont commencé. Le 17 septembre 2008, le Traité d’amitié et de paix a été signé entre nos pays.

À l’heure actuelle, entre l’Ossétie du Sud et la Fédération de Russie, plus de 30 accords intergouvernementaux ont été signés : pour la défense et la sécurité, pour le développement économique et social et la coopération dans les domaines culturels et scientifiques. Autant d’accords sont prêts à être signés, en particulier concernant le régime commercial, l’aide mutuelle dans le domaine douanier, la coopération dans le domaine d’immigration etc.

Très prochainement notre peuple fêtera le second anniversaire de la reconnaissance de l’indépendance nationale de notre pays par la Russie. Pour nous il s’agit d’une date historique.

Le peuple d’Ossétie du Sud a payé très cher pour son indépendance. En 20 ans de lutte et de labeur nous avons perdu des milliers de nos fils et de nos filles, des dizaines de milliers de personnes ont été obligées de fuir leurs foyers, restant sans abri et sans moyen de subsistance. L’Ossétie du Sud n’oubliera jamais l’héroïsme des soldats et des officiers russes qui ont sauvé le peuple de l’extermination. En ces jours, nous commémoreront les soldats et officiers russes et ossètes qui se sont battu épaule contre épaule contre l’agresseur et qui ont donné leurs vies pour le salut du peuple d’Ossétie du Sud, des civils pacifiques tués suite à l’invasion barbare.

Je voudrais exprimer l’immense gratitude de la part du peuple ossète au peuple russe tout entier pour la compassion sincère, le soutien et l’aide apportés dans les jours les plus difficiles pour nous en août 2008. La reconnaissance de l’indépendance de la république d’Ossétie du Sud par la Fédération de Russie le 26 août 2008 était une suite logique des actions énergiques des autorités russes pour obliger l’agresseur de cesser l’offensive.

Deux ans se sont écoulés après les événements d’août en Ossétie du Sud. Ils ont considérablement changé la carte politique du Caucase. Comment cela a-t-il affecté le rapport de forces ?

- Les événements d’août 2008 n’avaient pas uniquement une signification cruciale pour l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, qui ont obtenu par la suite l’indépendance, mais également pour la Russie qui, par ses actions, a contrecarré les tentatives d’imposer "la mentalité unipolaire" dans une région précise, et de ce fait a apporté une contribution concrète au renforcement des positions des partisans de la multipolarité du monde.

En ce qui concerne la carte du Caucase, à mon avis, elle est devenue plus réaliste, c’est-à-dire aussi proche que possible de la réalité historique. On pourrait même dire que la justice historique a triomphé : les Ossètes et les Abkhazes ont rétabli la structure étatique, de l’Alanie et du Royaume d’Abhazie, perdue au Moyen Âge.

Quels problèmes d’Ossétie du Sud vous qualifieriez de primordiaux ? Est-ce que la menace militaire géorgienne est encore d’actualité et quelles mesures sont nécessaires pour sa prévention ?

- Le plus important est de rétablir tout ce qui a été détruit lors des 20 dernières années. Cela concerne principalement l’industrie et l’agriculture ainsi que la voirie et réseaux divers, qui n’ont pas été remplacé depuis les années 50 du siècle passé. Et, bien sûr, terminer la réhabilitation des destructions de 2008.

Dans quel sens l’économie républicaine doit-elle se développer dans un avenir proche ? Comment utiliser plus efficacement les importantes ressources naturelles du pays sans préjudice pour son environnement ? Ces questions sont soulevées dès aujourd’hui. Pour trouver des solutions nous avons besoin de stabilité. Malheureusement, deux ans après l’agression militaire, il faut bien noter que les activités provocatrices de Tbilissi et la politique de revanche du régime de Saakachvili nous laissent peu d’optimismes pour affirmer que la menace militaire est définitivement exclue.

Je voudrais toutefois souligner que l’Ossétie du Sud a toujours été et demeure partisane des relations pacifiques avec tous les pays. Par conséquent, les autorités de mon pays estiment que l’objectif primordial est la création de conditions sûres qui contribueraient au développement des relations équitables et de bon voisinage avec tous les pays de la région du Caucase.

Récemment, la Cour internationale de justice de l’ONU (CIJ) a reconnu la légitimité de la proclamation de l’indépendance du Kosovo. Ce fait serait-il capable d’influencer le sort de l’Ossétie du Sud ?

- Le sort de l’Ossétie du Sud est déterminé par une série d’actes fondamentaux : par la proclamation de l’indépendance le 20 septembre 1990, par l’Acte de l’indépendance nationale de 1992 et par les référendums libres du 1991, 1992 et 2006, lors desquels la population ossète a voté pour un développement indépendant et la mise en place d’un Etat indépendant. Notons que le décret russe datant du 26 août 2008 sur la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud s’appuie précisément sur les résultats de telles décisions.

En ce qui concerne la CIJ, sa décision à l’égard du Kosovo ne porte pas un caractère juridique obligatoire. Elle a plutôt un caractère consultatif, bien qu’elle puisse être considérée comme une reconnaissance implicite de l’indépendance du Kosovo. Il est important de noter qu’en Ossétie du Sud existaient et existent plus de bases juridiques et politiques pour sa reconnaissance. Contrairement au Kosovo, les décisions prises par l’Ossétie du Sud depuis le début de la lutte pour l’indépendance répondaient intégralement aux exigences du droit international et de la Charte de l’ONU, ils ne contredisent en rien la constitution et la législation de l’URSS de l’époque. D’autre part, à mon avis, en tant que précédent, la décision à l’égard du Kosovo pourrait, dans une certaine mesure, favoriser le processus de la reconnaissance plus large de l’Ossétie du Sud.

Dans quelles conditions, à votre avis, l’Ossétie du Sud pourrait recevoir une reconnaissance plus large auprès de la majorité des membres de la communauté internationale ? Quelle signification pour l’Ossétie du Sud avait l’établissement des relations diplomatiques avec certains pays ?

- L’Ossétie du Sud a déjà bénéficié de la reconnaissance de la part d’une grande puissance, la Fédération de Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU.

Tout le monde sait que dans le monde actuel s’appliquent les doubles standards à l’égard des peuples indisciplinés et insoumis. Cependant, il existe des Etats qui suivent leur propre axe dans les relations internationales. Tels que le Nicaragua, le Venezuela et le Nauru, membre à part entière de la communauté internationale qui, en reconnaissant l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, a rappelé aux autres pays qu’il n’existe pas de grands ou de petits pays pour la Charte de l’ONU, que tous les Etats sont égaux et ont les mêmes droits.

Nous exprimons notre reconnaissance à ces pays et nous avons l’intention de développer et de renforcer avec eux les relations amicales et coopératives. La visite récente et productive du président Kokoïty au Nicaragua et au Venezuela en est un exemple flagrant.

- Les médias russes ont à plusieurs reprises rapporté des scandales liés à l’aide russe au profit de l’Ossétie du Sud. Pourriez-vous clarifier la situation à ce sujet ?

- Nous connaissons l’origine des soit disant "scandales" et nous connaissons le but recherché par ces attaques d’informations. Mais nous sommes convaincus qu’aucun "scandale" n’attendra son but. Malgré la forte opposition extérieure, nous relèverons notre pays de ses cendres et nous atteindrons un niveau de vie digne de notre peuple. Pour cela nous possédons toutes les ressources nécessaires et le potentiel intérieur suffisant.