Souplesse, autonomie, interdisciplinarité, sont les trois mamelles (vides de lait) de la prochaine réforme du collège, qui frappera enfants et parents à la rentrée 2016… À chaque nouvelle sortie de Najat, notre ministrelle de l’Éducation nationale socialiste, on hésite entre cynisme et bêtise. Si elle nous prend pour des ânes ou si elle est elle-même une ânesse. Question stérile, puisque tout finira en sabotage pédagogique.
Le mille-feuilles éducatif s’épaissit
On aime assez l’ajout de la seconde langue vivante, que la plupart des élèves (déjà pas au niveau dans la première, et encore moins en français, qui semble être pour beaucoup une langue étrangère en sixième) ne pourront pas suivre. Une décision évidemment politique, puisqu’elle consiste à neutraliser la sélection qui s’opérait en douce, par les côtés, dans les classes dites internationales ou bilingues, qui permettaient d’isoler du « reste » les collégiens bien nés, ou aidés à la maison. Quoi qu’on fasse, les différences culturelles renaissent sous le fantasme égalitariste. Quand les bolcheviques ont voulu appliquer l’égalité, une nouvelle hiérarchie naturelle est revenue à la vitesse d’un cosaque au galop.
Quant aux modules et au travail en petits groupes, c’est trop tard : il aurait fallu commencer à l’école primaire, pour apprendre aux enfants le sens du collectif, qui manque à l’Éducation nationale et dans les entreprises. Les petits modules à la con finiront comme d’hab en exposés sur les volcans ou les reptiles, avec Kevin qui ramène son gecko ou sa mygale en classe, les filles pousseront des ah et des oh, tandis que les garçons trouveront ça « génial ». Le travail collectif et le partage ne sont pas dans l’ADN de l’école française. On est dans la compétition et la sélection, mais non assumées. Toujours cette fameuse hypocrisie.
- Kevin amène son reptile en classe
La pauvre Najat n’y est pour rien : à travers elle se joue quelque chose de plus grand, de plus profond, et de plus dangereux qu’une 250ème réforme morte-née du collège, qui devait, il y a déjà 40 ans (loi Haby de 1975, qui réunit les filières manuelles et intellectuelles), unifier l’enseignement, relever le niveau, et autres fadaises de technocrates démagos. Si l’école française, autrefois respectable (avant 1981), a pu permettre de combler quelques inégalités, ce ne sera que sur des élèves bosseurs, naturellement doués, et motivés pour sortir des catégories sociales dominées, ou monter d’un petit cran socialement, génération après génération. Faut pas se mentir, comme se mentent et mentent les socialistes, ces rois de l’hypocrisie (la droite est moins menteuse sur le sujet, et le FN encore moins), dont les ministres et députés foutent leurs rejetons dans des écoles épargnées par le désastre éducatif que représente l’école publique d’aujourd’hui.
Finalement, comme toujours dans les régimes totalitaires (la démocratie en est un, le plus évolué), les profs moins cons ou moins soumis à leur pesante hiérarchie corrigent les conneries venues d’en haut, en utilisant leur autonomie, et le fait que l’inspecteur d’académie ne passe pas tous les jours, pour enseigner à l’ancienne, de manière efficace, sans trop croire aux miracles najatiens. Tout le monde sait que les socialos utilisent le vecteur scolaire pour former de nouveaux électeurs, sensibilisés à l’égalité des sexes, des races (qui n’existent pas), des cultures et des intelligences. Et pourquoi pas à l’égalité des richesses ? Les socialistes n’en parlent pas trop, de celle–là.
- Les enfants aiment qu’on leur raconte la légende de la gauche contre la droite
Un foutage de gueule qui ne profite pas aux dominés : les dominants ont depuis longtemps compris comment détourner ce tas de merde idéologique, afin de sauver les intelligences en devenir de leurs héritiers. Le socialisme, cet espoir des dominés, a été détourné, puis retourné contre les dominés. Le socialisme contemporain est désormais le plus sûr allié du capitalisme ultralibéral. Un piège mortel pour ceux qui croient encore à la légitimité de cette hiérarchie, aux VIP d’en haut, et à leur sens aigu des responsabilités.
Quand on voit que Pierre Bergé est un fervent soutien de la politique gouvernementale… Pourquoi n’a-t-il pas été ministre de l’Éducation nationale ou de la Justice, celui-là ? Les choses auraient été plus claires. Mais le grand public refuse de croire au cynisme (dans sa version moderne, managériale), cette jouissance de la domination, qu’il ne comprend décidément pas : la remise en question politique et personnelle serait trop douloureuse. On préfère « croire », croire à la République, à la politique du Bien, au service public, à la séparation des pouvoirs, à la non-collusion entre puissances économiques, médias, politiques et lobbies… Croire, ce refuge des aveugles, qui se laissent conduire par leurs maîtres là où la dominance sera la moins menacée, mais des aveugles qui le veulent bien, résultat de la victoire du consentement, des aveugles qui mettent eux-mêmes leurs mains sur les yeux.
- Les aveugles sont ceux qui ne le savent pas
Le pire, c’est que cette idéologie désocialisante (on ne peut décemment pas appeler ça du socialisme, sinon Staline va se retourner dans sa tombe), disons égalitariste, mène les jeunes à un violent décalage dans la société en général et dans l’entreprise en particulier. Des postulats aussi faux, aussi bancals, sont des sources de heurts et de désenchantement. On dirait un programme pour leur rendre l’inévitable rencontre avec le Réel plus dure, plus déprimante encore. On le voit avec le marché du travail, les conneries d’emplois jeunes en sable et autres incitations administratives merdiques issues de cerveaux déconnectés du Réel.
Les grands mots et les grandes phrases de ces abrutis ou de ces traîtres malheureusement responsables ne valent que pour eux, et dans le vide : dessous, il y a une masse de millions d’écoliers, collégiens, lycéens, voire étudiants (on suppose qu’ils commencent à se déciller les yeux), qui vont appliquer de force des concepts boiteux à des situations complexes, les faisant douter d’eux-mêmes au moment où justement, on a besoin de confiance, d’optimisme, de projection dans le temps. Quand on pense seulement à ces étudiants en Histoire, cette matière magnifique, empoisonnée par la bienpensance et la démagogie, on a mal pour eux. Du coup, il y a de la place pour un révisionnisme historique généralisé ! C’est la partie positive de ce massacre mental.
À propos de propagande historique, et comme quoi tous les cerveaux ne sont pas forcément malléables, voici le verbatim extrait du documentaire Scènes de classe, diffusé le 19 septembre 2014 sur Arte. On y découvre, au cœur du lycée Jean Renoir de Bondy, une classe spécialisée dans la lutte contre le décrochage scolaire.
Le prof interroge Sofiane, qui a choisi comme thème « le World Trade Center ».
Le prof :
« Pourquoi cet évènement peut-il être considéré comme un évènement historique ? »
Sofiane :
« Il a fait du bruit, hein, partout, au monde. Tout le monde est au courant du 11 septembre, du World Trade Center. Même si c’est un coup monté.
– C’est un coup monté tu crois ?
– Mais c’est sûr.
– Pourquoi c’est sûr ?
– On n’est pas idiots monsieur. Elles pètent pas comme ça les tours, l’avion il a pas percuté il a déjà pété, on n’est pas cons quand même.
– Alors pourquoi cet évènement il est important pour vous ?
– Il est pas important mais ça nous a marqués. On a un cœur monsieur, on est humains. Ça doit nous marquer.
– OK, super Sofiane. »
Le prof restera coi. Dans son cahier des charges, il y a sûrement écrit, quelque part, « ne pas contrarier les décrochés scolaires, les écouter, ne pas les juger ». Mais cela n’empêche pas le choc idéologique, la raison qui refuse la propagande. Car si Sofiane ne croit pas à la version officielle du 11 Septembre, il ne croit pas plus aux grands mots creux que notre ministre appelle « les valeurs de la République », et pour lesquelles elle a lancé une « grande mobilisation » : égalité, liberté, fraternité, laïcité. Le 26 mars, à Lyon, elle assistait à un « séminaire interacadémique de formation de formateurs à la laïcité, à l’enseignement laïque des faits religieux et à l’enseignement moral et civique ». Enseigner la morale de la main gauche, quand on la détruit de la main droite, avec la sexualisation des enfants, la confusion des sexes, le prosélytisme homosexuel, la discrimination positive pitoyable, tout cet arsenal qui pue le changement de civilisation prôné par les cerveaux malades des Loges et des lobbies.
- La gauche exerce depuis 50 ans en matière d’éducation un pouvoir aussi totalitaire que perdu d’avance
Discrimination positive, quand tu nous tiens. Le Parisien, Le Figaro et toute la clique ont titré ce 1er avril, sauf que ce n’était pas une blague, sur les meilleurs lycées de France. Liste étonnante, où les établissements de pointe en termes de résultats brillent par leur absence, laissant les places d’honneur à des bahuts de banlieue totalement inconnus.
Après étude de la page, on se rend compte qu’il s’agit des lycées qui ont connu la pus forte amélioration, certains partant de très bas. Cette petite escroquerie gouvernementale (ça ne peut venir que des truqueurs du ministère) nous fait penser à l’interdiction des statistiques ethniques. Depuis longtemps, on nous serine qu’il n’y a pas de races, tant le concept a généré de souffrances. Pourquoi pas ; cependant personne de sensé ne niera qu’il y a des genres humains, que l’élite médiatique a décidé d’appeler « cultures », plus vague et plus joli. Quoi de commun entre un bourgeois suisse de Lausanne qui déguste un drink sur sa terrasse devant le lac Léman, et un rom moyenâgeux qui construit son nid avec des déchets près de l’échangeur de l’A86/A1 à Saint-Denis ?
Ce qui n’empêche pas Patrick Cohen de déraper en direct dans Le Supplément sur Canal+, le dimanche 29 mars, lors de son échange avec l’avocat suisse Marc Bonnant :
Bonnant :
« Vous avez une telle passion de l’égalité, vous avez une telle certitude que nous appartenons tous à la même pâte humaine... »
Cohen :
« Ça veut dire que certains sont supérieurs à d’autres ?
– Oui, oui.
– Certains hommes sont supérieurs à d’autres ?
– Mais résolument, totalement !
– Ça dépend de leur race ou de leur condition sociale ?
– Non, non. Ça dépend de la grâce que la nature ou Dieu leur a fait, de leur donner un cerveau bien fait ou un cerveau médiocre… »
Oh l’hypocrite, qui se la pète avec sa matinale à 3 917 000 auditeurs (avant la grève) !
Patrick Cohen, le grand Patrick Cohen, l’homme qui décide tout seul des bons et des mauvais invités de France Inter, station qui semble lui appartenir, à lui et à ses amis, réduit au silence pendant les 27 jours de grève du service public radiophonique (ça fait autant de propagande en moins), parle de « race ». On attend toujours, trois semaines plus tard, la réponse vigoureuse des associations antiracistes de défense de l’égalité républicaine. Décidément, Patrick n’a pas de chance : il trébuche déontologiquement sur l’affaire Taddeï, perd ses auditeurs au profit d’Yves Calvi et RTL, pour finir par raisonner comme un esclavagiste du XVIIIe siècle. D’ailleurs, les cerveaux malades ne ressemblent-ils pas aux cerveaux bestiaux des esclaves africains ? Les dissidents ont-ils une âme ? Patrick Cohen est-il le pape du service public audiovisuel ?
Derrière cette bouffonnerie, qui fera rire nos descendants, il y a la main d’une puissance qui étrangle la liberté d’expression, dès qu’on tente d’exprimer la réalité de cette puissance. On espère qu’un jour cette réalité sera enseignée sereinement, sans déclencher de hauts cris, dans un esprit de paix et de réconciliation.
En attendant le primat de l’intelligence sur la propagande, personne de sérieux ne pense qu’il suffirait de dégauchiser l’enseignement pour réduire la fracture éducative, et donc sociale ; l’Éducation nationale, opaque et tordue, éléphant géant cornaqué par un quarteron de pervers soixante-huitards et de technocrétins, n’avance plus. Certes, les cours sont globalement assurés, mais une grande partie de la jeunesse, la jeunesse privilégiée mise à part, va tranquillement dans le mur. Il est temps de réparer cet attelage, ou de le changer, avant que l’armée des trompés ne prenne conscience du mensonge, destiné à une seule chose : maintenir un système de domination en l’état, qui fait perdre la Nation, et gagner quelques-uns. Peu de vainqueurs, pour trop de perdants.