Le groupe Europe libertés démocratie au Parlement européen de Nigel Farage risque d’être isolé sans le soutien du Mouvement cinq étoiles de l’Italien Beppe Grillo.
Les 17 eurodéputés du Mouvement cinq étoiles pourraient venir gonfler les rangs d’Europe libertés démocratie après avoir essuyé un refus auprès des Verts.
L’Italie n’est pas encore représentée au sein du groupe de l’eurosceptique Nigel Farage (ELD). La présence du Mouvement cinq étoiles est donc cruciale puisqu’un groupe européen doit rassembler 25 eurodéputés d’au moins 7 États membres différents. L’UKIP compte par ailleurs déjà 24 eurodéputés à lui seul.
Plusieurs sources ont expliqué à EurActiv qu’elles étaient « extrêmement confiantes » quant à l’adhésion du mouvement de Beppe Grillo au nouveau groupe ELD. Le parti italien devrait se prononcer sur la question le 12 juin. Selon des sources au sein du Mouvement cinq étoiles, les membres du parti voteront sur l’adhésion à l’ELD avant la fin du mois.
De leur côté, le Parti populaire danois (DPP) et le Parti des Finlandais ont annoncé leur intention de quitte le groupe de Nigel Farage pour s’allier aux conservateurs de la CRE. L’eurodéputé néerlandais Bas Belder, également ancien membre de l’ELD, devrait en faire de même. Les Italiens de la Ligue du Nord ont déjà quitté le groupe pour rejoindre l’alliance menée par le Front national.
Du coup, l’ELD a besoin de représentants de cinq États membres différents, sans compter le Mouvement cinq étoiles. Le parti lituanien Ordre et justice devrait faire partie de ses prétendants, mais selon des rumeurs, il pourrait aussi venir renforcer les rangs du groupe de Marine Le Pen.
Un porte-parole de l’EFD a déclaré : « en ce qui concerne le Parti populaire danois, nous savions que cette décision était en préparation depuis quelque temps. Je suis convaincu que les membres de Parti populaire danois sont mécontents de se retrouver dans une famille politique qui comprend le parti musulman turc, AK. »
« Le groupe ELD est maintenant sur le point d’avoir [le nombre de] délégations pour former un groupe. Nous avons bon espoir que le nombre total d’eurodéputés oscillera entre 50 et 55. Maintenant, il ne reste plus qu’à concrétiser les engagements verbaux en signatures sur papier. » a poursuivi le porte parole.
Le plus petit groupe
Rachel Franklin, de British Influence, groupe d’action qui milite en faveur du maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE, a affirmé : « Les partenaires de Nigel Farage dans le groupe ELD regardent ailleurs. L’UKIP devrait perdre des représentants clés du Danemark, de Finlande et d’Italie, ce qui l’isole vraiment. »
« L’ELD est déjà le plus petit groupe. Il devra trouver de nombreux amis, rapidement, pour maintenir son existence. » a-t-elle souligné.
Beppe Grillo et Nigel Farage se sont rencontrés à la suite des élections afin de discuter d’une coopération éventuelle, après avoir contacté les Verts. Nigel Farage a expliqué auparavant à EurActiv qu’il avait eu des « conversations très chaleureuses » avec Beppe Grillo dans le passé, tout en refusant de faire davantage de commentaires sur les négociations.
Rachel Franklin a ajouté que « Beppe Grillo a d’abord essayé de rejoindre les Verts. Cette tentative rapidement et solidement rejetée met en avant la division idéologique entre le Mouvement cinq étoiles et l’UKIP. »
Selon certaines sources, l’UKIP serait en mesure de former un groupe sans le soutien de Beppe Grillo. Elles estiment qu’il existe suffisamment de délégations nationales pour ce faire : les Démocrates suédois et le Congrès national polonais, non affiliés pour l’instant, pourraient apporter six eurodéputés supplémentaires. Pourtant, même avec l’adhésion du mouvement cinq étoiles, il manquera encore des représentants de deux autres États membres.
Pieter Cleppe, du groupe de réflexion Open Europe a déclaré : « Je n’exclurais pas totalement cette possibilité, mais cela risque d’être très tendu. »
Moins d’influence
Même s’il arrive à former un groupe sans Beppe Grillo, l’ELD recevra moins de financements, de postes de présidents de commission et perdra également en influence.
Malgré la défaite des Tories au Royaume-Uni, le triomphe de l’UKIP pourrait en réalité renforcer la CRE menée par les conservateurs britanniques. Ce groupe pourrait d’ailleurs arriver en troisième position dans le Parlement européen, avec 67 sièges. Si l’UKIP obtient 55 sièges, il aura la taille actuelle de la CRE.
Des partis ont quitté l’ELD pour se diriger vers la CRE, plus modérée, ou vers l’alliance de Marine Le Pen, plus extrême. L’UKIP n’a « aucune chance » de rejoindre la CRE et il avait également exclu d’amblée une alliance avec le FN.
L’eurodéputé travailliste Richard Corbett estime que l’ELD aura des difficultés pour constituer une groupe cohérent.
Selon lui, « certains d’entre eux sont ultralibertaires et n’aiment pas le fait que le marché unique contienne des règles pour protéger les consommateurs, l’environnement, etc. D’autres critiquent [l’UE] d’un point de vue anticapitaliste ou défendent la souveraineté nationale [...]. »