La Confédération syndicale internationale (CSI) a dénoncé jeudi le traitement réservé aux travailleurs étrangers au Qatar, pays-hôte du Mondial 2022 de football, qualifié d’État "esclavagiste" par l’organisation.
"Le Qatar est un État esclavagiste" a affirmé la Secrétaire générale de la CSI Sharan Burrow, en marge du Congrès de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) à Genève.
"Nous n’avons pas encore découvert le pire", a prévenu la responsable de l’organisation. "Le danger maintenant avec les accusations de corruption (sur l’attribution du Mondial 2022, ndlr), qui sont graves évidemment, c’est qu’elles vont éclipser la situation des ouvriers sur place", a estimé Sharan Burrow.
À l’occasion d’une manifestation jeudi devant le Palais des Nations Unies à Genève, la CSI et l’IBB (Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois) ont lancé un appel pour que "cesse l’exploitation systématique des ouvriers du bâtiment" lors de la préparation de grands évènements sportifs, tels que le Mondial de football.
Les sympathisants des organisations ont déployé des banderoles avec les inscriptions "carton rouge pour la FIFA" et "pas de Mondial sans droits pour les travailleurs".
"Alors que la FIFA dégage d’énormes bénéfices de la Coupe du Monde de football, les travailleurs, qui sont à l’origine de la compétition, travaillent souvent de longues heures pour de maigres salaires et dans des conditions dangereuses et difficiles", ont indiqué les organisations.
"20 ouvriers ont été tués sur les chantiers de l’Euro 2012, au Brésil à une semaine du premier match, le bilan est de neuf morts, et on compte déjà cinq victimes pour le Mondial 2018 en Russie et des milliers autres devraient suivre au Qatar", ont-elles ajouté.
Par ailleurs, la Fédération Internationale du Transport (FIT) a déposé plainte contre la compagnie Qatar Airways devant l’OIT, l’accusant de violer les droits de ses personnels presque entièrement étrangers.
Depuis l’attribution en 2010 de l’organisation du Mondial-2022 au riche émirat gazier, ce dernier fait l’objet de vives critiques de la part des organisations des droits de l’Homme et syndicales qui dénoncent le sort réservé aux travailleurs étrangers. En février dernier, le pays a annoncé une série de mesures pour protéger les ouvriers sur les chantiers du Mondial.
La désignation du Qatar comme pays-hôte du Mondial fait par ailleurs depuis trois ans l’objet d’accusations de corruption, relancées cette semaine par les médias britanniques.