« J’ai eu mes premières érections cinématographiques et corporelles devant la dangerosité de Sharon Stone dans Casino ! Devant des choses, très cruelles… quand on voit Plein Soleil et tout ça. Donc ce film, il est chargé de cet amour que j’ai eu pour les femmes, pour les actrices, pour des femmes parfois dangereuses, complexes, maltraitées, incomprises… »
Gros dragueur devant l’Éternel, le petit Bedos, donneur de leçons progressistes à ses heures, avec toutefois quelques incursions dans la mal-pensance, se retrouve devant le tribunal féministe, qui aime couper les têtes et les queues. Derniers trophées en date : le présentateur télé historique PPDA et l’acteur poids lourd Depardieu, deux symboles de la virilité, même si la plupart des accusatrices se réveillent après des années, voire des décennies, et si les récits laissent des plages sombres. Il est souvent question d’emprise, puisque beaucoup de ces femmes retournent chez leur agresseur. Bref, c’est un domaine à manier avec d’infinies précautions, de chaque côté de l’accusation.
Mediapart se distingue en étant devenu le bureau des plaintes et des pleurs : chaque mois ou presque, une personnalité du monde mainstream ou de l’Internet se fait viser par une escouade de victimes, qui déballent tout en direct. Le pure player gauchiste devient alors une officine, mais pas de chantage, ou alors quelque chose nous échappe : Plenel veut-il être en pointe dans la chasse aux sorciers, aux mâles à l’ancienne, quitte à détruire des réputations d’hommes qui sont certes de gros baiseurs, ce que tout le monde sait dans le microcosme, mais pas forcément des violeurs en série ? Des hommes qui sont tellement habitués au succès qu’ils se servent autour d’eux, où les oies blanches – ou calculatrices – pullulent ?
Mediapart se mue donc en auxiliaire de justice et de police, tout en oubliant certains dossiers, pourtant à eux présentés : on veut parler de l’affaire Bruel, qui n’a curieusement eu aucun écho chez les délateurs gauchos. Étonnant, non ?, comme dirait l’ami Aphatie.
La première plainte qui vise Bedos Jr est assez hallucinante : il s’agit, et on en a déjà parlé, d’une main qui se dirige vers l’entrejambe d’un jean de femme, sans le toucher. Rien que le geste, il est vrai un peu lourd, mérite aujourd’hui procès officiel en 2024. Bienvenue en France américanisée puritaine ! Mais Mediapart ne peut attendre, il faut lâcher les chiens (on a failli écrire les chiennes), et c’est toute une ribambelle de femelles outrées par le comportement de Nicolas qui monte au créneau.
On n’ira pas jusqu’à dire que femme sautée-jetée est vengeresse, mais quand on lit le dossier du youtubeur Léo Grasset, on se pose des questions. L’amour est emprise, on le sait, et les relations amoureuses ou sexuelles ne sont pas toujours équilibrées : parfois, il y a un prédateur, ou une prédatrice, et une victime, généralement consentante, plus ou moins consciemment. Tout se joue sur cette limite hyperfloue du consentement, et bon courage aux juges qui vont appliquer du droit là-dessus. Nous, personnellement, on ne peut pas. Car qui sait sonder les âmes et les cœurs ? Et les fesses en plus ?
De plus, on le rappelle, le champ amoureux est un domaine où toutes les cruautés, toutes les manigances, toutes les trahisons, qu’elles soient masculines ou féminines, et c’est en général très partagé, sont possibles, et admises. L’homme qui baise et largue une femme est un salaud, la femme qui baise et jette un homme est une salope, d’autant plus si la victime est amoureuse, ou sous emprise (limite là encore pas facile à établir). On le voit, il y a une notion de domination qui joue quand le sentiment amoureux est faible, ou inexistant. Seul l’amour partagé ne connaît ni victime ni bourreau, mais il est rare. Et ne se trouve ni en boîte ni sur Tinder.
L’amour est devenu un marché, un mode de consommation frénétique, mais on ne tombe pas amoureux tous les jours, alors on baise ou on essaye de baiser à son niveau, parfois au-dessus de sa condition (sociale, physique, culturelle). C’est de bonne guerre et les femmes sont les championnes du game, elles qui, comme le dit justement Thaïs d’Escufon, cherchent toujours à baiser au-dessus de leur cul (c’est de nous : elle utilise un terme plus complexe, l’hypergamie).
Nous ne sommes pas les défenseurs de Nicolas Bedos, ni de tous les mecs qui ont du succès avec les femmes et qui en profitent (on pense à Romain Duris qui fait un carton chez les dames), sans toujours évaluer les risques en période MeToo. Mais quand la loi MeToo se fait rétroactive, alors que faire ? Des actes consentis il y a 10 ans deviennent des agressions aujourd’hui.
« Il m’a attrapée à la gorge, plaquée contre le mur et m’a dit :
“Tu te prends pour qui, t’es pas Catherine Deneuve !” »
Concrètement, une des accusatrices de Nicolas évoque une agression sexuelle datant de la fin des années 90. Nico a 20 ans, Chloé 26, il est pistonné par papa à la cellule auteurs de Canal+. Mediapart écrit :
« Cette nouvelle [de la garde à vue de Nicolas Bedos] me donne la force de vous écrire. À la fin des années 1990, il m’a agressée sexuellement et physiquement dans des circonstances de travail et d’amitié, indique-t-elle dans son signalement, consulté par Mediapart. […] Toutes ces années, j’ai espéré qu’une femme plus courageuse que moi porte plainte, il semble que cela soit arrivé. »
Chloé, sous la menace de Nicolas qui la colle contre le mur et la tient par la gorge, le suit dans sa chambre (chez ses parents et sa sœur !) et se laisse faire. Nicolas, plus tard, en 2009, récidive avec Marion, qu’il essaye d’embrasser de force. Après ce comportement inapproprié, contacté par SMS, le pleutre trouve une excuse dans « l’alcool », un anesthésiant qui désinhibe les timides. C’est pourquoi beaucoup de gens qui veulent baiser picolent énormément en boîte.
Une troisième femme, Leslie, raconte son expérience nicolique qui a 13 ans d’âge :
Leslie Masson, une ancienne mannequin, rapporte le « comportement scandaleux » qu’aurait eu à son égard Nicolas Bedos en 2010, lorsqu’elle avait 23 ans. Elle affirme que le réalisateur, qu’elle ne connaissait pas, serait d’abord venu la « draguer six ou sept fois », de manière « insistante » en étant « alcoolisé », au bar Le Mauri7 puis au Baron, une célèbre boîte de nuit parisienne aujourd’hui fermée, alors qu’elle l’avait « rejeté » en expliquant qu’elle n’était « pas intéressée ».
Au Baron, il aurait « essayé de [lui] toucher l’entrejambe », selon son récit ; elle l’aurait « repoussé » et il lui aurait plusieurs fois lancé : « Allez, viens me sucer dans les chiottes, sois mignonne. » « J’ai refusé, il m’a craché au visage », assure-t-elle. Elle ajoute que le cinéaste, tout en sollicitant des faveurs sexuelles, aurait multiplié les propos « méchants » et « dénigrants ».
Elle prétend que le vigile de la boîte de nuit – que Mediapart n’a pas été en mesure de retrouver, le club ayant fermé depuis – lui aurait expliqué qu’il s’agissait d’« un habitué », qu’il pouvait être « lourd » et que « s’il [l’]embêtait trop », il fallait « venir le voir ». Selon elle, il aurait glissé à Nicolas Bedos « de se calmer », avant de le « virer de la boîte » après l’incident.
Alors là, on la croit sur parole, car Nicolas a la grosse tête. Depuis qu’il a été pistonné à la télé et au ciné par son père, un membre éminent de l’élite culturelle gauchiasse, il distribue bons et mauvais points à tout le monde, et surtout aux fachos.
N’oublions pas le témoignage de Julie, qui s’est fait lécher le pied en boîte, et accuse Nicolas d’« insistance ». Au vu des quatre cas, on devine un jeune homme mal à l’aise avec les femmes, nanti d’une vanité pathologique, et se croyant au-dessus de toutes et tous. Un vrai fils de, qui se croit tout permis.
Récemment, on a revu l’excellente émission de Christophe Hondelatte consacrée à Émile Louis, qui parlait de sa « bestiole », ce démon qui se réveillait, l’envahissait et lui commandait de violer, de tuer ses victimes. Nicolas n’en est pas là, mais il avoue quand même un certain « goret » :
De son côté, le réalisateur a souvent mis ses excès sur le compte de ses « problèmes avec l’alcool », qui l’ont poussé, a-t-il dit dans de nombreuses interviews, à en faire « des caisses la nuit » au Baron, à faire « des trucs qui n’étaient pas [lui], c’était le goret, l’animal » : « insult[er] un mec que je trouvais très sympa » ; dire « “grosse pute” à une amie », ou encore avoir, « à 3 heures du matin, des comportements lourdingues », a-t-il énuméré au magazine Vogue en 2019.
Le jury trouvera-t-il des circonstances atténuantes à ce vaniteux goret ? L’avenir nous le dira. Les fouineurs vicelards des RS feront le lien entre la colère de Nicolas contre le hashtag BalanceTonPorc et son propre comportement avec les femmes...
Nicolas Bedos sur #balance ton porc : "Je ne supporte plus cette curée moyenâgeuse qui nous monte les uns contre les https://t.co/gi9cDgM6XU
— Jean Marc Morandini (@morandiniblog) November 5, 2017
Bonus karma : quand le goret vaniteux s’en prenait à Soral et Dieudonné