Meyer Habib, un ami proche de Netanyahu, confirme faire du lobbying afin de faire capoter les accords de Genève, et qu’il a l’intention ce mercredi [13 novembre 2013] de dire au parlement français que cet accord doit être déjoué.
Un avocat français, et ami proche du premier ministre Benjamin Netanyahu, a dit mardi lors d’une visite en Israël qu’il était très inquiet des prochaines négociations à venir sur le nucléaire avec l’Iran, comparant cette situation à la tristement célèbre conférence qui a permis à Adolf Hitler de prendre le pouvoir en Europe de l’Est.
Le parlementaire Mayer Habib a confirmé qu’il avait contacté la semaine dernière le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius pour le prévenir que, s’il était nécessaire, Israël lancerait une attaque militaire afin d’empêcher l’arme nucléaire iranienne. Il a précisé qu’il l’avait appelé de sa propre initiative et qu’il ne parlait pas au nom de Netanyahu.
« J’en appelle à tous les Européens et je veux leur rappeler les accords entre le premier ministre français Édouard Daladier et le premier ministre britannique Chamberlain », a-t-il dit mardi, faisant référence aux accords de Munich de 1938, qui sont devenus un symbole de l’apaisement international. « Ils ont reçu la guerre et ils ont reçu la honte. La semaine prochaine il y aura encore une opportunité de ne pas abandonner », ajouta-t-il, mentionnant les prochaines discussions sur le nucléaire en Iran, qui commenceront à Genève le 20 novembre.
Habib représente les citoyens français qui vivent en Israël et sept autres pays méditerranéens à l’Assemblée nationale à Paris, et a tenu son discours lors d’une session au Parlement israélien (Knesset) sur les problèmes israélo-européens. La session a démarré avec le député israélien Hillel Bar.
Lors d’une discussion avec le journal Times of Israël, il a dit qu’il connaissait Netanyahu depuis plus de vingt ans et qu’il était un de ses proches. Cependant, il a expliqué qu’il ne parlait pas en son nom lorsqu’il a approché Fabius, mais plutôt comme un Français officiellement élu, responsable de la sécurité d’à peu prés deux cent mille expatriés qui vivent en Israël ; il se sent concerné par la probabilité d’un éventuel accord entre les six puissances mondiales et l’Iran, qui autoriserait Téhéran à se rapprocher de la capacité d’avoir une arme nucléaire, a-t-il ajouté.
Habib, qui est un membre de la commission des affaires étrangères, a dit qu’il avait parlé lundi avec Netanyahu mais refuserait de dévoiler tout contenu de cette discussion.
« Je parle souvent au premier ministre et connais ses positions. Il ne laissera pas l’Iran acquérir une arme nucléaire. Je veux que l’Europe comprenne que c’est dans son intérêt d’empêcher une guerre », a-t-il déclaré. « J’ai dit [jeudi à Fabius] qu’Israël n’accepterait pas un Iran nucléaire [parce que] cela impliquerait la destruction de l’État d’Israël. Et s’ils [les 5 + 1] veulent éviter une guerre, ils ne doivent pas signer d’accord.Fabius l’a bien compris », a-t-il ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères français a été vivement perçu comme essayant de contrer l’accord émergeant samedi dernier, avec pour résultat un arrêt des négociations avec l’Iran et un accord de se réunir à nouveau le 20 novembre. L’Iran a vivement critiqué la France d’avoir officiellement bloqué les discussions et la télévision nationale iranienne a décrit la France comme étant le représentant d’Israël.
Netanyahu a qualifié de « mauvais » et « dangereux » tout accord possible au moins une fois par jour depuis vendredi dernier, critiquant le gouvernement américain pour son soutien à cet accord et disant que cela donnerait l’opportunité à l’Iran d’éviter des sanctions sans pour autant avoir à dévoiler les détails de son programme nucléaire. Le secrétaire d’État John Kerry, au contraire, a répliqué à Netanyahu en qualifiant ses propos de critiques mal placées, expliquant que ces accords seront une façon de geler le programme iranien tout en n’offrant qu’une levée très limitée des sanctions. Kerry a aussi expliqué que c’était l’Iran qui avait refusé les accords de Genève samedi.
Habib, qui accompagnera le président François Hollande la semaine prochaine en Israël et sur les territoires palestiniens, a dit mardi qu’il craignait terriblement que les éventuels accords mettent en danger la sécurité israélienne.
Mercredi, Habib, 52 ans, a dit qu’il voulait sensibiliser le Parlement français sur ce sujet. Il planifie de remercier le gouvernement français pour son inébranlable position à Genève pendant le week-end mais le met en garde de ne pas céder lors des prochaines discussions avec l’Iran.
« J’ai très peur des États-Unis, de la pression qu’ils exercent pour trouver un accord à n’importe quel prix », a-t-il déclaré au journal The Times of Israël. « Il est possible de trouver des accords, mais il faut seulement y inclure l’interdiction pour les Iraniens d’enrichir l’uranium à plus de 3,5 % et l’arrêt des centrifugeuses. » « L’Iran pourrait être autorisé à garder de l’uranium enrichi à un niveau de 3,5 % si un programme d’inspections invasif est mis en place », a dit Habib.
Dans de récents discours, Netanyahu a insisté sur le fait que l’Iran ne soit pas autorisé à avoir des capacités d’enrichissement.
Netanyahu et Habib, qui a été élu à l’Assemblée nationale en juin, ont l’habitude de s’aider mutuellement. « Je connais Habib depuis des années, il est un bon ami d’Israël », déclare Netanyahu en français dans une vidéo postée sur YouTube en mai. Aux cotés de Habib, Netanyahu a continué en hébreu : « Il se bat beaucoup pour Israël, pour l’opinion publique, il se soucie intensément de la terre d’Israël et de Jérusalem, et il m’a aidé depuis des années à renforcer les relations franco-israéliennes. »
Voir aussi, sur E&R : « Meyer Habib, ce Français de l’étranger »