« S’il reste cohérent sur le fond, si cette expression foisonnante n’a pour l’heure donné lieu à aucun dérapage majeur, François n’en fait-il pas un peu trop ? »
Le journal Le Monde continue de renforcer sa crédibilité avec un article d’une objectivité sidérante sur le pape. L’idéologie au Monde c’est comme les chaussettes, ça ne se cache plus. Comme chacun sait, François est un pape d’un type nouveau. Pour s’adresser aux peuples, il oublie un peu, comme Jésus, de demander la permission aux puissants, aux gouvernements, aux médias, aux lobbies. Bref, les intermédiaires, il s’assoit dessus. Pire : au lieu d’être discret et de vivre tranquillement enfermé dans son palais, à regarder les exploits de La Roma de Rudi Garcia (8 matches, 8 victoires), il ouvre la fenêtre plus que de raison et parle à qui veut l’entendre.
La comédie a assez duré, Le Monde tape du poing sur la table : c’est pas un catho né au pays de Maradona qui va effrayer la troïka Pigasse/Niel/Bergé, qui a réussi le mariage de la Finance, de la Téléphonie et de l’Homosexualité avec la Presse Quotidienne ! Nous ne nommerons pas la journaliste qui a pondu ce papier révélateur de sa propre idéologie – soit l’inconscient du journal – car nous sommes contre la dénonciation, surtout en période où la Gestapo médiatique fait loi.
« Sur le fond, ses accents populaires, “populistes” disent même certains, ses formules simples, peu argumentées, laissent à beaucoup une impression de flou… »
Si François persiste à ne pas rentrer dans le rang, on espère que les journalistes du Monde vont rapidement lui trouver un passé nazi ou le viol d’enfant de chœur. Ou les deux. Comme ils ont trouvé tout seuls, contre un monde entier tétanisé par une lâcheté munichoise, la preuve qu’Assad, le cruel boucher de Damas (on dirait un titre de SAS), avait utilisé du gaz sarin contre les purs rebelles aux nobles intentions démocratiques… Des preuves irréfutables censées déclencher les foudres de la Cinquième Flotte US, dont on n’entend curieusement plus parler. Le travelling sur les victimes, c’était juste pour produire son effet lacrymal sur l’opinion, et bombarder avec plus de latitude émotionnelle. Ah, OK, d’accord.
François, salaud, l’élite aura ta peau !
« Ce choix de “l’anti-intellectualisme” amène pourtant le pape à préférer des expressions-chocs, que peuvent facilement se réapproprier fidèles ou prêtres. »
En fait, ce que Le Monde reproche au pape, c’est une communication par-dessus les pouvoirs, qui touche simplement les gens, au-delà même des frontières catholiques. On appelle ça de la démagogie, dans son sens non-péjoratif. Parler sans filtre. Et justement :
« “Cette sévérité n’est pas de la démagogie, mais elle peut agacer”, reconnaissent des observateurs… »
La démagogie, c’est ce que les gardiens du temple et les bien-pensants invoquent immanquablement quand ils sont dépassés par un phénomène qui leur échappe et surtout, qui touche les foules. C’est normal, les propagandistes du système ne peuvent admettre que d’autres aient de l’influence ou un début de contrôle sur le grand public. Cela prouverait qu’ils sont eux-mêmes devenus inutiles au système, et donc en voie d’être remplacés. Comme ce bon vieux Alain Duhamel, par exemple, « écoeuré » par les affaires Cahukahn et Strauzac, qui vient de s’éjecter tout seul dans une théâtrale sortie tragi-comique. Soit il était con, c’est-à-dire mal informé, une hypothèse inacceptable pour un spécialiste de politique, soit il joue au con, car il savait. Rassurez-vous, Dugamelle conserve quasiment tous ses fromages. Et l’Académie des sciences morales et politiques. Morales, pas Moralès, bande de cancres.
L’apparition du Net, considéré comme le temple de la Démagogie et du Poujadisme (« à mort les pédophiles », « politiques = tous pourris », « si le 11 Septembre c’est Ben Laden alors mon cul c’est du poulet »), représente un danger dans la mesure où le système de contrôle des gens est débordé sur ses ailes. La ligne Maginot médiatique, qui a coûté des milliards, ne sert plus à rien. La télévision et ses investissements lourds se vide de sa substance, la presse aussi : trop lourd, trop cher, trop con. Il reste le net et l’édition… soit les deux axes de développement d’E&R, ouf, super coup de bol. La radio résiste bien, parce qu’elle a libéré la parole. Par nécessité, attention, pas par choix : Europe 1 a résisté à la vague « populiste » générée par RMC, en critiquant la parole donnée à des non-professionnels… On a vu le résultat, une chute d’audience lente mais sûre, ainsi qu’une image collaborationniste qui lui colle aux doigts !
Journaux à la rue, croyants dans la rue
L’article, d’une lumineuse objectivité, s’achève sur une remise en cause totale :
« Un détail fâcheux qui pose plus largement le contrôle de la parole papale. »
Pourquoi pas Pierre Bergé pour contrôler la parole papale ? Il est vrai qu’un quotidien contrôlé par une vieille tante qui vire épouvantail (lire entre autres ses sorties inqualifiables contre Marie-Dominique Lelièvre, l’excellente biographe d’Yves Saint-Laurent), un banquier d’affaires international qui injecte des fonds dans une presse mourante (optimisation fiscale, ou l’influence politique à bon marché) et un money maker enrichi sur le dos de la téléphonie de service public, dont les politiques ont sciemment brisé le monopole, ne peut décemment applaudir un superchrétien qui parle aux pauvres sans demander la permission. Et en plus il se fout de la gueule de François Hollande en demandant de désobéir aux dirigeants sur le mariajomo, genre la foi est au-dessus des lois ! Putain, c’est carrément l’Iran !
C’est bête, le journal La Croix, depuis les trois grandes manifs qui n’ont réuni que quelques millions de fascistes affamés de sang homosexuel, grignote Libé en termes de ventes, qui a perdu 30 % de ses lecteurs. Les courbes vont bientôt se croiser, et les cathos risquent de passer devant les bobos. C’est La Croix que tu dois racheter, Matthieu (Pigasse), pas Les Inrocks, ce vieux cuirassé rouillé aux cinquante CDI que personne ne lit (21 000 ventes en kiosques seulement, plus les abonnements) !
On aura une pensée recueillie pour le fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry, dont le bébé était non-aligné, et qui s’adressait aux chrétiens de gauche.
La preuve du Monde, comme pour le gaz sarin
Voici le dernier paragraphe de l’article :
« Mais, sur la forme, l’exercice a frisé l’amateurisme : le pape n’a pas demandé à relire la retranscription de la conversation qu’il a eue avec le directeur de la Repubblica, a reconnu mercredi le porte-parole du Vatican. L’un des plus sérieux vaticanistes italiens y a relevé des incohérences, notamment la description d’une scène, lors du conclave, sur un balcon… qui n’existe pas. Un détail fâcheux qui pose plus largement le contrôle de la parole papale. »