Cher Monsieur Soral,
Voilà six mois que j’ai fait votre connaissance à travers YouTube (merci Dieudonné), votre site Internet et vos livres et je dois vous dire que j’aime beaucoup ce que vous faites. En six mois, et grâce à vous, j’en ai appris, mais surtout compris, plus que les deux dernières années écoulées... et pourtant, j’ai une formation de journaliste et de photographe de presse, ce qui me poussait à me tenir informé, peut-être par réflexe.
J’ai choisi depuis 2005 de quitter ma profession car, comme vous le dites si bien, actuellement, un journaliste indépendant est soit un chômeur soit une pute. J’ai décidé de continuer à pouvoir me regarder dans le miroir et de devenir commerçant indépendant.
J’ai 43 ans, je suis suisse, officier dans l’armée suisse (quand j’en avais encore l’âge), mon père est iranien d’origine italienne-arménienne et ma mère est suisse. Je connais donc, mais sans aucune prétention, passablement le « problème » iranien actuel, le massacre des Arméniens de 1915, mais aussi la crise que traversent l’Italie et l’Europe en ce moment.
Justement, on compare souvent le génocide arménien avec d’autres faits semblables dans l’histoire du XXe siècle, mais il faut souligner que les Arméniens ont su garder toute leur dignité et leur fierté sur ce qu’il s’est passé, n’en déplaise à Claude Sarraute, qui se permet de faire des plaisanteries sur comment faire de la récupération avec l’Histoire [1]. D’une façon générale, les Arméniens ne regardent pas vers leur passé, l’Arménie est tournée vers l’avenir, qu’elle doit construire en collaborant avec les pays qui l’entourent. D’une manière plus particulière, ma grand-mère qui avait quittée très jeune « l’Arménie » (qui n’existait pas) pour se réfugier en Iran, a toujours eu la pudeur de ne jamais parler de ce qui s’était passé et la raison pour laquelle sa famille avait émigré dans le pays le plus proche, l’Iran, ancien empire, qui a toujours reconnu les qualités de commerçants et d’artisans de la communauté arménienne. Ce qui explique le quartier chrétien de Jolfa d’Ispahan et de sa cathédrale Saint-Sauveur.
Dans le même esprit, mon épouse m’a présenté un jour un de ses amis Turcs, et par une phrase maladroite, ma femme lui a dit devant moi que ma grand-mère était arménienne. J’ai vu tout de suite la gêne dans le regard de cet ami. Plus tard, à la maison, j’ai dit à ma femme que jamais plus elle ne devait parler de mes origines arméniennes à ses amis, Turcs ou pas, car cette histoire était du passé, dont actuellement plus personne n’est responsable.
Je trouve déplorable les récentes lois françaises sur la reconnaissance du génocide arménien, elles ne font que monter les communautés les unes contre les autres dans un pays, la France, à qui l’on n’oublie jamais de rappeler la place inconfortable qu’a été la sienne entre 1940 et 1945, mais pays qui n’a jamais été impliqué dans le génocide arménien... Quelle absurdité et quelle récupération de la part d’autres minorités, qui ne cherchent qu’à rajouter des nouveaux camarades dans la recherche de la culpabilisation de la nation française !
Je trouve ce que vous êtes, vous dites et vous faites véritablement remarquable et extrêmement courageux. Vous avez malheureusement raison sur tout. Malheureusement car, aujourd’hui, la vérité n’est plus bonne à dire : les gens veulent croire et non pas comprendre. En effet, la masse des gens préfèrent croire aux mensonges que comprendre la vérité.
Continuez votre combat et j’espère qu’un jour vous finirez ministre ou président d’une France libérée et véritablement française, et sachez que si un jour vous avez besoin de vous cacher dans une cave suisse, comme vous l’aviez proposé à un de vos internautes, sachez que c’est avec plaisir que je vous accueillerai chez moi, je vous donnerai mon lit et j’irai moi-même dans la cave !
Meilleures salutations.
G. C.
(Suisse)