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Le Japon réussit la 1ère extraction sous-marine de "glace qui brûle"

Des chercheurs japonais ont réussi mardi pour la première fois à extraire des fonds sous-marins du gaz d’hydrates de méthane, une ressource parfois appelée la glace qui brûle qui pourrait sauver le Japon de la pénurie énergétique.

Des préparatifs étaient en cours depuis des années et le test a débuté ce matin, a déclaré mardi à la presse le ministre de l’Industrie, Toshimitsu Motegi.

"Notre ambition est de fiabiliser les technologies dans le but de parvenir à une exploitation commerciale", a-t-il expliqué.

"Nous sommes parvenus à produire une certaine quantité de gaz dès ce matin, environ quatre heures après le début de l’expérimentation", a précisé plus tard un fonctionnaire du ministère.

Le but est de parvenir à stabiliser une extraction stable durant environ deux semaines.

M. Motegi s’est dit d’autant plus réjoui que, techniquement, la production du gaz d’hydrates de méthane est plus complexe que celle du gaz de schiste, considéré par certains comme une ressource révolutionnaire.

Cette tentative, qui avait été précédée d’expériences d’extraction continentale il y a quelques années au Canada, a été conduite par la société nationale JOGMEC et l’Institut des sciences et techniques industrielles avancées (AIST) à environ 80 kilomètres au large de la péninsule d’Atsumi dans les eaux de la préfecture d’Aichi (centre-sud).

L’expérience, réalisée à 330 mètres en sous-sol sous 1 000 mètres de profondeur marine, consiste à provoquer une chute de pression pour récupérer le gaz, enfermé avec de l’eau sous forme cristallisée dans les sédiments superficiels des eaux océaniques profondes, sous des conditions de forte pression et basse température.

Les fonds sous-marins des eaux territoriales japonaises au large d’un pan étendu de sa côte sud, de Shizuoka à Wakayama, en hébergent de très grandes quantités qui avoisineraient dix ans de besoins en gaz pour l’archipel.

Le Japon, lui, en est entouré, mais on en trouve par exemple peu le long de l’est de l’Afrique. C’est que les hydrates de méthane sont surtout présents dans les lieux à forte sismicité, explique Chiharu Aoyama, chercheuse spécialiste des ressources énergétiques au Centre indépendant de recherche générale.

Les autres profondeurs sous-marines le long du nord et de l’ouest de l’archipel en recèlent également.

Selon certaines estimations, au total, le Japon en détiendrait pour un siècle ou plus de consommation, alors qu’il est jusqu’à présent tributaire de l’étranger, contraint d’importer 95% de son énergie.

Les achats de gaz du Japon ont en outre augmenté ces deux dernières années, du fait de l’arrêt de la quasi intégralité de ses 50 réacteurs nucléaires après l’accident nucléaire de Fukushima provoqué par le tsunami du 11 mars 2011.

Cette situation est considérée comme économiquement intenable par l’actuel gouvernement qui veut relancer les centrales atomiques pour des raisons plus pécuniaires qu’idéologiques.

"Je souhaite qu’arrive au plus vite le jour où le Japon pourra utiliser les ressources naturelles alentour en franchissant un à un tous les obstacles", a encore déclaré M. Motegi.

Les hydrates de méthane ont été découverts il y a plus de deux siècles mais ont été négligés. Aujourd’hui ils ne sont toujours pas exploités, pour cause de difficultés techniques et économiques.

Les avancées du Japon, pays le plus en pointe dans ce domaine, sont donc essentielles.

L’Etat nippon, bien qu’étant parfois jugé trop timoré par les chercheurs du secteur, avait constitué en 2001 un consortium en vue d’exploiter ces hydrates de méthane. Le projet d’étude, qui va jusqu’à 2019, prévoyait le test d’extraction qui vient d’être réalisé au large des côtes sud du Pacifique, ainsi qu’un deuxième entre 2014 et 2015.

Le gaz extrait des hydrates de méthane est en théorie adapté au transport sur de longues distances et pourrait à terme concurrencer le gaz naturel liquéfié (GNL), voire le gaz de schiste.

Un de ses principaux avantages réside dans le fait que les conditions de température et de pression nécessaires à sa stabilité sont moins draconiennes que celles requises pour ledit GNL.

 






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