L’année 2015 sera celle du 70e anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagazaki. Elle sera aussi celle où les dépenses militaires japonaises auront atteint leur plus haut niveau depuis la fin de Seconde Guerre mondiale, avec un budget alloué aux forces d’autodéfense du pays d’un montant de 4.980 milliards de yen (soit 36 milliards d’euros).
En effet, pour la troisième année consécutive, le gouvernement emmené par le conservateur Shinzo Abe a décidé d’augmenter le budget militaire du pays, sur fond de tensions territoriales avec la Chine, notamment au sujet des îles Senkaku, et de menaces nord-coréennes. « Ce sont les plus gros crédits de tous les temps », a commenté un responsable du ministère japonais de la Défense, qui a précisé que le précédent record remontait à 2002, avec une enveloppe de 4.960 milliards de yen.
Pourtant, les comptes publics japonais accusent de lourds déficits, avec une dette qui représente l’équivalent de 245 % de son PIB. Cela étant, espérant une hausse des recettes fiscales (grâce à la hausse de la TVA et les bons résultats, à l’étranger, des firmes nippones) et comptant sur la baisse du yen ainsi que sur celle des cours du pétrole, Tokyo a adopté un budget record de 96.340 milliards de yen pour l’année fiscale qui débutera le 1er avril prochain. Et les dépenses militaires représentent environ 5 % de ce montant.
« La situation autour du Japon est en train de changer. Les dépenses [ndlr, militaires] sont au niveau nécessaire pour protéger les espaces aérien, naval et terrestre du Japon et pour défendre nos citoyens et leurs biens », a déclaré Gen Nakatani, le ministre japonais de la Défense.
Fin 2013, le gouvernement Abe avait pris la décision d’accorder une enveloppe de 179 milliards d’euros pour moderniser, en 2014 et 2019, les capacités des forces d’autodéfense japonaises. Le dernier budget correspond donc à cet objectif.
Dans le détail, il permettra d’acquérir de nouveaux équipements. Ainsi, il est prévu 20 avions de patrouille maritime Kawasaki P-1, 6 F-35A (sur un total de 42), 1 appareil d’alerte aérienne avancée E-2D Hawkeye, 30 véhicules amphibies AAV-7 , 2 destroyers dotés du système antimissile américain Aegis, 5 V-22 Osprey et le premier des 3 drones HALE (Haute Altitude Longue Endurance) de type RQ-4 Global Hawk.
Par ailleurs, cet effort budgétaire en faveur des forces d’autodéfense s’inscrit dans un changement de posture du Japon. Ainsi, depuis qu’il est au pouvoir, Shinzo Abe s’est attaché à modifier la Constitution pacifiste du pays en faisant adopter le principe d’« autodéfense collective » et à permettre aux industriels de l’armement nippon d’exporter.
Quoi qu’il en soit, cette hausse de 2,8 % du budget japonais de la défense a offusqué la Chine, qui ne manque pas de critiquer le retour « militarisme » nippon, en faisant référence à la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, le montant des dépenses militaires chinoises est de, officiellement, 110 milliards d’euros. Soit trois fois plus qu’au Japon.