En 2009, j’abordais déjà lors de mon interview par Égalité et Réconciliation la question de la présence des minarets dans l’espace urbain français. Je les définissais comme une dérangeante symbolique pour les autochtones et finalement la preuve du terrible manque de réalisme des élites musulmanes dans notre pays. Objet architectural anachronique et allogène, inutile et couteux et enfin marqueur d’une identité musulmane décomposée.
Voulus par une communauté musulmane incapable de contrôler son acculturation volontaire et insensible aux enjeux identitaires, ces symboles presque phalliques, d’une forme de virilité exogène imposée à une France déboussolée, sont en vérité les ingrédients catalyseurs des tensions futures.
Trois ans plus tard, l’opération de communication réalisée par les jeunes identitaires, nous rappelle à quel point cette question, considérée à l’époque comme superflue par certains de mes lecteurs musulmans – surtout les élites des mosquées – est particulièrement symptomatique et cristallise les contradictions de la présence musulmane en France.
- Audience nationale pour le prix d’une banderole
Prendre le TGV pour Paris, en passant près du Futuroscope, nous offre désormais au cœur de nos panoramas ruraux, endommagés par le complexe agro-chimique : le 732ème minaret de la discorde, perçant l’horizon tel un missile prêt à décoller. Il écrit comme un stylo géant les chroniques d’un clash des altérités qui s’annonce, peut-être, irréversible ?
Tentons par notre plume, entre gens encore raisonnables, d’y voir plus clair. Peut-être que les protagonistes de cette nouvelle bataille de France (celle des symboles ou de la survie ?) sauront tirer les leçons et échapper aux marionnettistes qui se délectent du spectacle pré-déflagration civile qui s’annonce. Conflit ultime, que nous pouvons encore éviter, au risque de faire le grand bonheur du petit coq chétif de notre si sincère rabbin venu d’Ouzbékistan, l’ex-tankiste de Tsahal en 1982 au Liban, Rav Ron Chaya.
Une action condamnable ?
Tout le monde aura compris que l’opération de communication lancée par les identitaires est terriblement réussie. Au-delà des simagrées des élites politiques et des pleurnicheries des dirigeants musulmans criant à l’islamophobie, personne ne peut nier d’un point de vue purement factuel, pour le prix d’une banderole imprimée sur bâche en quadrichromie, qu’ils ont produit un événement médiatique d’une ampleur incontestable. Si seulement les musulmans étaient capables de communiquer aussi efficacement !
On peut reprocher aux identitaires, en plus de leur racialisme inefficace, de créer une tension supplémentaire sur la question de l’islam, mais argumenter sur la dimension illégale de leur action ou sur leur violence à propos d’un lieu de culte est dérisoire.
Personne ne peut nier que cette forme de militantisme politique rejoint naturellement, avec la même efficacité, celui des écolos de Greenpeace capables de se parachuter illégalement sur une centrale nucléaire, ou celle d’Act Up habillant d’un préservatif géant l’obélisque de la Concorde ou la statue de la Liberté qu’ils ont aspergé de sang. Nous n’avons point entendu les musulmans, à cette époque, condamner une publicité si ostensible pour la fornication sous latex !
- Opération d’Act Up en 1993
Aujourd’hui les enfants, musulmans ou pas, ont droit dans les écoles de la République à des audiences avec l’infirmière libertaire, qui peut administrer à nos filles mineures et à notre insu la pilule du lendemain ou renvoyer les jeunes de banlieue plein de testostérone vers le distributeur de préservatifs du lycée.
Mais ces avancées sociétales irréversibles n’émeuvent point nos élites musulmanes, plus promptes à se plaindre que leurs mosquées-cathédrales – symboles des ors du pouvoir califal qu’ils incarnent – soient « souillées », histoire de mieux se victimiser.
En 2008, c’est plus de 9 500 élèves reçues par les infirmières scolaires et 324 000 mineures qui sont passées en pharmacie pour apprendre à forniquer sans risque. Mais de cette dislocation morale par le bas, nos dirigeants musulmans adeptes de la jurisprudence des priorités n’ont que faire. Ils devraient pourtant relire cheikh Al Qardawi, l’inventeur de cette pensée des priorités en islam. L’occupation d’un chantier par des jeunes identitaires en colère, est semble-t-il plus grave pour eux, que la consommation massive de produits contraceptifs pour mineurs (sic) !
Encore une fois, avec quelles catégories pensons-nous notre réalité ? Sommes-nous partie prenante du système ou avons-nous une alternative crédible à proposer aux français ?
Poitiers, ou le symbole confisqué
Le choix de Poitiers est de toute évidence judicieux et d’une pertinence certaine. Nos élites musulmanes reprocheront facilement aux identitaires de faire appel à la figure de Charles le marteau, qui arrêta les premiers arabo-musulmans de France au VIIIème siècle.
De ce point de vue, la contradiction des dirigeants musulmans est encore une fois surprenante. Eux-même n’ont pas hésité, dans leurs appels aux dons nationaux et internationaux, à rappeler que Poitiers fut le point d’arrêt de la conquête musulmane en terre européenne, histoire de flatter un peu plus les sentiments nostalgiques de l’âge d’or musulman, afin que les richissimes donateurs du Golfe se persuadent encore plus de soutenir ces projets de construction, avec leurs maléfiques pétrodollars, qui ont apporté la malédiction à la vie traditionnelle ante-pétrole des bédouins de la péninsule arabique. Double discours, double figure historique pour une histoire mythifiée par tout le monde, par chacun des deux bords.
Le mythe de Poitiers, malencontreusement pour nos identitaires à la recherche d’une figure tutélaire et malheureusement pour nos musulmans épris de revanche, n’a pas eu lieu selon la version relative de l’histoire officielle. Catherine Rouvier, dans son Gustave Le Bon, préfacé par Paul-Marie Couteaux, nous rappelle comment ce génie français avait anticipé avec tant d’avance, la question du discours et du public, son Psychologie des foules étant précurseur en la matière.
Il serait sage pour tout le monde de revenir aux écrits de cet esprit universel, pour comprendre la manipulation des foules contemporaines, la manipulation des peuples et communautés à l’heure de la mondialisation.
Le Bon nous rappelle avec intérêt comment : « Le séjour des Arabes en France, plus de deux siècles après Charles Martel, nous prouve que la victoire de ce dernier n’eut en aucune façon l’importance que lui attribuent tous les historiens. Charles Martel, suivant eux, aurait sauvé l’Europe et la chrétienté. Mais cette opinion, bien qu’universellement admise, nous semble entièrement privée de fondement [1]. »
Imaginer, de part et d’autre de nos protagonistes du 732ème minaret de la discorde, que Poitiers ait cette importance est une erreur d’appréciation historique, une tentative de fantasmer un épisode somme toute mineur (un point de détail ?) de l’histoire de France. Même l’excellent Bernard Lugan s’y méprend. Deux siècles après leur supposée éviction des terres franques, les sarrasins perdirent le col Saint-Bernard dans les Alpes (938) et sont encore bien positionnés avec des alliances solides dans la partie sud de la France. Ce qui met fin à l’idée d’une France et d’une Europe de l’Ouest expurgées des sarrasins après 732. Ravivons plutôt dans l’histoire de France les épisodes à même de nous permettre de tisser des liens avec nos contemporains, plutôt que de chercher le mythe guerrier comme catalyseur du conflit.
Nos masjid-églises ou l’anthropologie du lieu de culte, pour des mosquées franco-compatibles
Pour achever notre propos, nous proposons au titre de conseil architectural à nos constructeurs de masjid – littéralement : lieu de prosternation – si avides d’espaces cultuels, de créer une véritable dynamique de civilisation. S’intéresser avant de construire leurs masjid-mosquées, à la géographie des espaces sacrés et à l’anthropologie du lieu de culte. Ils pourraient aisément conclure, qu’ils ont un rôle primordial pour ressusciter le travail traditionnel de la pierre française, revaloriser les techniques ancestrales des bâtisseurs d’Églises d’antan, en construisant des mosquées sur la base des plans des églises.
Pourquoi pas en créant des chantiers traditionnels médiévaux à l’instar du château de Guédelon ?
Si nos élites musulmanes veulent communiquer comme des pros, pourquoi ne pas lancer des chantiers médiévaux pour construire en partenariat avec les services de l’Église, des lieux de culte musulmans selon les plans et principes architecturaux du culte français dominant ? Ce serait un rendez-vous œcuménique extraordinaire, une proposition de pont avec l’histoire, une forme de résistance au mondialisme, une bataille remportée contre la modernité et la constitution d’un symbole fort, pour l’avènement d’une théologie musulmane de la sédentarisation, afin d’épouser définitivement la constitution mentale française.
Aujourd’hui, ce qui intéresse nos dirigeants musulmans, c’est d’engouffrer des millions d’euros dans des projets pharaoniques inutiles (des piscines dans les mosquées (sic) !) sans réfléchir à ces considérations éthiques, historiques et sociales.
Le minaret français, est tout simplement un clocher, qui possède historiquement les mêmes fonctions militaires, rituelles et sociales, déjà repris par les chrétiens auprès des païens ; il ne manque plus qu’aux musulmans de France de perpétuer cette tradition architecturale du bâtiment cultuel, européen et français.
La mosquée française doit, selon moi, ressembler trait pour trait aux églises.
- Église copte en Égypte
- Église de Dali en Chine
Comme les églises coptes et monastères d’Orient empruntent la quasi-totalité des modèles architecturaux aux mosquées orientales, les églises chinoises et mosquées d’Asie se ressemblent trait pour trait à l’exception de quelques signes distinctifs.
De grâce, musulmans de ce pays, quand allez-vous comprendre que nous sommes irrémédiablement exogènes dans la psyché populaire ? Comment comptez-vous effacer 1000 ans de discours officiels anti-mahométans, 200 ans de domination d’une République toujours laïcarde, maçonnique et anticléricale quand il s’agit d’islam ?
On ne pourra le faire sans une communication de haut niveau, une communication si révolutionnaire qu’elle peut inverser le choc des images et la manipulation des masses (cf. G. Le Bon), fondée sur notre intérêt sincère avec l’histoire et l’anthropologie de la France. Notre envie d’être les ancêtres contemporains des futurs Français musulmans, héritiers de la terre de leur pères par la volonté divine, donc futurs Français musulmans pouvant littéralement parler de leur « patrie », créée par nous autres, les morts de demain !
- Église du Calvados, sans croix et avec des vitraux calligraphiés, une excellente mosquée
Si l’on veut que nos lieux de cultes, nos espaces du sacré soient compatibles avec le logiciel français, ouvrons des chantiers médiévaux, pour construire selon les traditions des bâtisseurs et du compagnonnage nos masjid-églises, lieux du culte monothéiste pur, ou l’on pourra se recueillir cinq fois par jour vers la Mecque sans craindre le réflexe xénophobe légitime car naturel chez tous les peuples de la Terre.
Vite, avant que l’Anders Breivik français, actuellement en stage de formation dans un sous-sol d’obscurs services, ne vienne par son tir précis tous nous faire taire !
Lille, le 25 octobre 2012
Albert Ali