La situation du groupe Nice-Matin, dont les offres de reprise sont examinées lundi 13 octobre, révèle les maux de la presse régionale et sa difficulté à se réinventer.
[...] La concentration est-elle inéluctable ?
En reprenant Nice-Matin, Rossel consoliderait sa présence dans la presse régionale. Il en est déjà l’un des acteurs majeurs, derrière le Crédit Mutuel – qui détient la majorité des quotidiens de l’Est de la France –, Ouest-France ainsi qu’un troisième groupe formé par La Dépêche du Midi, laquelle est en négociations exclusives pour racheter Les Journaux du Midi.
Ces rapprochements se sont accélérés depuis 2008 avec le rachat progressif par le Crédit Mutuel des principaux titres de l’Est du pays dans l’objectif de mutualiser le système informatique, les imprimeries, le réseau de distribution, et même les rédactions, à l’image des informations nationales et internationales couvertes par une même équipe depuis Paris.
À côté subsistent des titres indépendants, comme Le Télégramme, à la pointe bretonne, ou Paris-Normandie (racheté en 2012 par les journalistes Xavier Ellie et Denis Huertas), qui se montrent innovants, sans parvenir à enrayer la chute des ventes.
« L’accentuation du phénomène de concentration nous inquiète, explique Vincent Lanier, secrétaire national du SNJ. Il se traduit par des suppressions de postes et pose des questions de pluralisme. Nous pensons qu’il faut que les journalistes et le public reprennent en main le destin de leurs entreprises de presse pour ne pas laisser le champ libre à cette logique suicidaire. »