Le cas Destouches étant à part…
Quant à Rebatet, j’avais lu une première fois Les Décombres, vers l’âge de 20 ans, dans les années 1990. J’avais trouvé cela très bien écrit, très intéressant témoignage sur l’époque concernée, et j’étais passé à autre chose, à une autre époque. Nulle correspondance avec mon présent ne m’était apparue, ou si peu. J’étais trop jeune, trop vert…
Et voilà qu’en 2013 je me mets à relire Les Décombres. Et là, quelle claque ! Ce livre dense, immense, éclate, explose, monte au firmament, incandescent d’ACTUALITÉ, résonne de 1000 échos avec le PRÉSENT.
Deux ou trois fois par page vous vous retrouvez giflé par des mots qui font sens, ICI et MAINTENANT. Allez, au hasard, du début :
"Un an de politique dans les milieux effervescents me flanquent la courbature. Toutes les cartes étaient truquées. Dès lors, à quoi bon suivre le jeu ? […] Les scandales, les réformes, les manœuvres diplomatiques étaient autant de scénarios sans intérêt, puisque nous ne connaîtrions jamais le dénouement ou le mot de l’énigme. La maçonnerie, patiemment, sournoisement, embrouillait tous les fils, intervenait toujours au moment décisif, pour arrêter le coup de théâtre. Vivions-nous une accalmie, rien n’était peut-être plus alarmant. C’était le signe que les maîtres occultes avaient étouffé les colères, égaré l’opinion dans le dédale des palabres vaseuses à dessein.
Dans les journaux ou les discours, le vague du style démocratique qui m’avait toujours tellement répugné était en somme une habilité supérieure, comme l’imprécision des mythes religieux.
Nous ne manquerions pas d’en récolter les beaux résultats, avec une démagogie hypocrite, de plus en plus etouffante […]."
Et presque tout est de cet acabit…
On pourrait faire 100 citations de ce calibre, et "en somme" (Rebatet contamine :)) recopier les trois-quarts du livre. Quelle bombe à fragmentation ! Pas étonnant que des gugusses en service commandé œuvrent pour l’effacer à jamais de la littérature. Ça pourrait en ouvrir, des yeux.
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