Le procès de neuf intellectuels turcs, parmi lesquels l’écrivaine Asli Erdogan, débute à Istanbul ce jeudi 29 décembre 2016. Ils sont jugés pour leurs articles ou leur appui au quotidien pro-kurde Özgür Gündem. Asli Erdogan risque la détention à perpétuité.
[...] Les neuf inculpés sont accusés d’appartenir à une organisation terroriste, concrètement le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), après avoir soutenu le journal pro-kurde Özgür Gündem. Sur les neuf accusés, quatre sont présents ; les cinq autres se sont enfuis et seront donc jugés par contumace.
À noter qu’il n’y a aucun lien de parenté entre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et l’ecrivaine Asli Erdogan, accusée elle aussi d’avoir porté atteinte à « l’intégrité de l’État » par ses chroniques, et d’être membre d’une organisation terroriste, en l’occurrence celle des rebelles kurdes du PKK.
« Asli Erdogan a toujours été du côté des exclus. Elle publie depuis 18 ans des chroniques dans différents journaux d’opposition en Turquie et n’a jamais été condamnée une seule fois. Asli n’a pas changé. En revanche, la Turquie a changé », explique l’une de ses amies de longue date, citée par le journal Le Monde.
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Le procès d’Asli Erdogan : "Un rituel d’immolation de sorcière"
« Le 29 décembre aura lieu la première audience de notre procès. C’est la première fois de ma vie que je vais comparaître devant un tribunal et je risque d’être condamnée à une peine de perpétuité aggravée, juste pour avoir écrit quatre mots ! Je garde l’espoir, si ténu soit cet espoir, que le non-droit qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui puisse prendre fin, mais comme tout le monde le sait, c’est un procès de processus politique, un rituel d’immolation de sorcières sur le bûcher… Et pourtant, on ne vit pas sans espoir !
Toutes mes salutations, mon affection et mes remerciements renouvelés à tous ceux et celles qui ont été solidaires et nous ont apporté leur soutien. Si un jour nous réussissons à sortir de ce trou, ce sera GRÂCE À VOUS.
Amitiés
Aslı Erdoğan, 27.12.2016, prison de Bakırköy »
C’est le dernier message de la romancière que nous transmet Aysegül Tozeren, médecin et critique littéraire, proche amie d’Asli Erdogan, et qui est demeurée en contact épistolaire régulier avec l’écrivaine turque. « Asli a repris des forces, elle semble même avoir un peu d’espoir », confie-t-elle au téléphone. Incarcérée depuis la mi-août, l’écrivaine ne peut en effet recevoir de visites à l’exception de celle de sa mère, à un rythme qui a été réduit. [...]
Ce jeudi, devant le palais, les avocats d’Asli Erdogan et Necmiye Alpay tiendront une conférence de presse, tandis que des groupes solidaires turcs, mais aussi venus d’Allemagne et de France notamment, viendront exprimer leur soutien. C’est le cas des écrivains Tieri Briet et Ricardo Montserat à la tête d’un groupe de six Français « porteurs de phrases solidaires écrites par une cinquantaine d’écrivains de trois continents ». Briet a orchestré une campagne de lecture de textes d’Asli Erdogan depuis plusieurs semaines, relayée au niveau international et sur leur page Facebook dédiéeen relation avec le site Kedistan.
Dans ce groupe se trouve Valérie Manteau, dont le premier roman Calme et tranquille vient de paraître au Tripode. Cette ancienne de Charlie Hebdo vit entre Paris et Istanbul où se déroule en partie son livre.