En août dernier, des photographies prises au chantier naval de Shangaï et montrant ce qui pouvait apparaître comme des éléments de la coque d’un porte-avions furent diffusées sur Internet. D’où la question : la construction d’un second bâtiment de ce type avait-elle commencée ?
Après la mise en service de son premier porte-avions, le Liaoning, en septembre 2012, Pékin n’a jamais caché son intention de doter ses forces navales de capacités aéronavales relativement conséquentes.
En avril 2013, le directeur adjoint du cabinet de la Marine de l’Armée populaire de libération, le contre-amiral Song Xue avait même affirmé espérer un second porte-avions, plus grand et capable de transporter plus d’avions par rapport au Liaoning, qui n’est autre que l’ex-Varyag, un bâtiment acquis auprès de l’Ukraine avec le prétexte d’en faire un casino flottant…
Cependant, jamais la mise en chantier d’un second porte-avions n’avait été jusqu’à présent été confirmée par un officiel chinois. C’est désormais chose faite. Le secrétaire du Parti communiste de la province du Liaoning, Wang Min, a affirmé qu’un tel navire était en cours de construction dans le port de Dalian, situé dans le nord-est de la Chine, lors d’une de l’assemblée populaire provinciale. Le compte-rendu a en été fait par le quotidien Takungpao, publié à Hong Kong et proche des autorités chinoises.
"Les travaux pour construire le deuxième navire amiral chinois dureront six ans", a précisé Wang Min, qui a ajouté que la Chine entend se doter, à terme, de 4 porte-avions.
Ces efforts en matière de capacités aéronavales suggèrent que la Chine cherche à développer une force de projection, ce qui mettrait à mal les arguments qu’elle met traditionnement en avant, à savoir que les missions confiées à l’APL ne sont que défensives.
Cependant, l’on peut émettre quelques réserves sur les capacités réelles du premier groupes aéronaval chinois. Ce dernier, constitué donc autour du Liaoning, a toujours évolué en mer de Chine. Cela dit, c’est dans cette région que Pékin a le plus de différends territoriaux… Mais il apparaît, à l’examen des quelques photographies officielles qui ont été diffusés à l’occasion de sa dernière sortie, que la marine chinoise manque cruellement de navires à vocation logistique, ce qui empêche des déploiements lointains.
L’un des clichés est même étonnant dans la mesure où l’on y voit un navire amphibie, lequel n’a évidemment pas sa place au sein d’un groupe aéronaval. Était-il là pour la photographie ? Mystère.
Enfin, des doutes subsistent quant aux performances de l’avion embarqué J-15 "Flying Shark", largement inspiré du Sukhoï Su-33 russe. N’étant pas catapulté depuis le Liaoning, qui est doté d’un pont incliné, l’appareil présenterait un mauvais rapport puissance/poids, ce qui limite ses capacités d’emport d’armements.
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