La chute du prix du baril d’environ un tiers depuis le début de l’été est problématique pour beaucoup de pays producteurs, qui ont besoin d’un cours de l’or noir élevé pour financer leurs dépenses.
Beaucoup de pays producteurs ont des prix d’équilibre budgétaire bien supérieurs aux prix actuels du pétrole. Même si cela ne rend pas nécessairement la production pétrolière non rentable, cela pourrait avoir des effets négatifs sur la stabilité sociale, et donc affecter indirectement les perspectives de production, prévient l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) dans son dernier rapport mensuel.
Ainsi, le budget iranien pour l’année budgétaire en cours (débutée en mars 2014) a été calculé avec un baril à 100 dollars, alors que le Brent évolue actuellement juste en-dessous des 80 dollars. La baisse affectera le prochain budget de l’État avec un déficit des recettes pétrolières de l’ordre de 8 à 10%, selon Gholamreza Tajgardoun, président de la commission parlementaire du Plan et du budget.
En Irak, le prix d’équilibre se situe également autour de 100 dollars le baril. Selon le ministère du Pétrole, plus de 27% des recettes budgétaires prévisionnelles ne rentreront finalement pas dans les caisses, à cause de la chute des cours.
En Russie, où l’or noir représente la moitié des rentrées budgétaires, le budget 2015 a été bâti sur une prévision de prix du baril à 96 dollars. Les économistes de la banque russe Alfa ont estimé récemment qu’une chute de 10 dollars du baril de pétrole coûtait 10 milliards de dollars au budget fédéral russe et 0,4 point de croissance du produit intérieur brut.
Au Venezuela, le budget 2014 a été échafaudé avec un prix du baril relativement bas (60 dollars), ce qui ne devrait pas empêcher le dérapage du déficit budgétaire. Selon plusieurs analystes, le prix d’équilibre pour le Venezuela se situerait bien au-delà des 100 dollars.
De son côté, l’Équateur a basé son budget 2014 sur un pétrole à 86,4 dollars le baril. Selon l’ancien ministre de l’Énergie René Ortiz, le pays a besoin d’un baril à 80 dollars pour équilibrer ses finances.
Le Nigeria, où l’or noir représente 70% des recettes de l’État et où la crise budgétaire menace, va revoir à la baisse le prix de référence du baril de pétrole pour le budget 2015, de 78 dollars à 73 dollars.
Depuis des années, l’Algérie calcule son budget sur la base d’un baril à 37 dollars. Le surplus va à un fonds de régulation des recettes qui finance le déficit et tous les programmes spéciaux du gouvernement. Mais selon des experts, l’économie algérienne est mise en danger par un baril à 80 dollars : l’ancien ministre des Finances Karim Djoudi estime ainsi que le budget a besoin d’un baril à 110 dollars pour trouver son équilibre.
De leur côté, l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis ont des prix d’équilibre bien moins élevés que la plupart des autres pays de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), ce qui les rend mieux armés pour résister à une baisse prolongée des cours du brut, ont souligné les économistes de Commerzbank dans une note récente.