Alors que les pressions s’accentuent sur le régime syrien de Bachar el-Assad, confronté depuis mars à un mouvement de contestion durement réprimé par ses forces de sécurité, la Russie n’entend pas laisser tomber son allié, qui plus est précieux dans cette région du globe.
Ainsi, en dépit des sanctions prises unilatéralement par certaines pays et autres organisations internationales qui visent Damas, Moscou continue ses livraisons d’armes à destination de la Syrie, dont le volume des commandes atteint 3,5 milliards de dollars pour 2011. Sont notamment concernées, la modernisation de certaines équipements (chars T-72, MiG-29) et l’acquisition par les forces syriennes de systèmes de défense sol-air.
Par ailleurs, la semaine passée, des média israéliens et arabes ont fait écho au projet de la marine russe d’envoyer des navires de guerre faire escale à Tartous, qui est une base navale mise à la disposition de Moscou par les autorités syriennes. Le bâtiment de lutte anti-sous-marine Smetliviy, dont le quotidien arabe publié à Londres al Quds Al Arabi croit savoir que des experts du systèmes de défense sol-air S-300 étaient à son bord, ainsi que le croiseur lance-missiles Moskva, auraient été concernés.
Ce qui est en revanche désormais certain, c’est que l’état-major de la marine russe, cité par le quotidien Izvestia, a planifié le déploiement en Mediterranée, pour le début de l’année 2012, d’un groupe aéronaval formé autour de son unique porte-avions, l’Amiral Kouznetsov.
Ce bâtiment, qui emporte 8 Sukhoï SU-33, quelques MiG29K et deux hélicoptère KA27, doit quitter la mer de Barentz, où il participe actuellement à des manoeuvres, contourner l’Europe de l’Ouest et passer ensuite par le détroit de Gibraltar pour entrer en Mediterranée.
« Il ne faut pas voir l’escale des bateaux russes à Tartous comme une réaction aux évènements en Syrie », a précisé le porte-parole de la marine russe. « Cette escale était prévue dès 2010 quand il ne s’y passait rien, il y a eu une préparation active et il n’y a aucune raison de l’annuler ou de la reporter » a-t-il ajouté.
En effet, l’envoi du porte-avions « Amiral Kouznetsov » avait été annoncé par l’agence Itar Tass le 29 septembre dernier. Seulement, à l’époque, les ports où il devait faire escale n’avaient pas encore été précisés.
Ce n’est pas la première fois que le porte-avions de la marine russe sera déployé près des côte syrienne, la dernière ayant eu lieu en 2009. Compte tenu de sa taille, il ne peut pas faire relâche dans le port de Tartous, ce qui le contraindra à rester au large.
Alors que l’on prête à la Turquie l’intention de faire appliquer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie – Ankara est très en pointe sur l’affaire syrienne – et que Moscou souhaite éviter pour la Syrie un scénario à la libyenne, c’est à dire une éventuelle – et improbable – intervention de l’Otan, la venue sur zone de ce porte-avions russe, même si elle est prévue de longue date, tombe à point nommé, dans la mesure où ella aura une forte portée à la fois symbolique et politique.
« La présence d’une force navale autre que celle de l’Otan sera bénéfique pour la région, parce qu’elle permettra d’empêcher toute intervention militaire armée » a ainsi estimé l’amiral russe en retraite Victor Kravtchenko, dont les propos ont été rapportés par Izvestia.