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La France et l’UE balancent entre le soutien à l’Arménie et le gaz de l’Azerbaïdjan

 

Depuis 1994, comme l’explique Pascal Boniface, la France est impliquée dans le conflit du Haut-Karabakh, cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, ou chrétienne en pays musulman. En un mot, la France soutient les Arméniens face aux Azerbaïdjanais.

 

En juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’affichait à Bakou, tout sourire, aux côtés du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, pour entériner une hausse graduelle des volumes de livraisons de gaz en Europe, d’ici 2027. L’Azerbaïdjan, ancienne république soviétique au bord de la mer Caspienne, riche en hydrocarbures, est devenu l’un des fournisseurs de substitution de l’UE dans sa quête d’émancipation du gaz russe après l’invasion de l’Ukraine. Au total, Bakou a livré 12 milliards de mètres cubes (Mds m3) de gaz au Vieux Continent en 2022, soit un volume supérieur de plus de 30 % par rapport à 2021. L’accord prévoit de passer de 12 Mds m3 à près de 20 Mds m3, faisant des Vingt-Sept les premiers clients de l’Azerbaïdjan. (Le Figaro)

 

Cependant, la morale est une chose, la realpolitik en est une autre : Bakou (capitale de l’Azerbaïdjan) fournit du gaz à toute l’Europe, et au moment où le robinet du gaz russe est fermé – sur ordre des Américains –, ça pèse dans les négociations. C’est pourquoi l’ambassadrice arménienne en France propose de faire pression sur l’Azerbaïdjan en coupant ce gazoduc stratégique :

 

 

À ses yeux, Leyen (sans parler de Macron) est une traîtresse, laissant l’Arménie démunie face à l’invasion militaire de l’Azerbaïdjan (soutenue par la Turquie) qui a poussé à l’exode 90 000 Arméniens de l’enclave (sur 120 000). Car du côté russe, on a pour l’instant laissé faire le camp pro-turc.

Occupée en Ukraine, la Russie n’est pas encore intervenue directement dans le conflit, comme elle l’avait fait en 2020 en sifflant la fin de la récré. Elle a laissé les forces de Bakou reprendre le territoire de la république arménienne autoproclamée.

 

 

Le groupe de Minsk, qui doit théoriquement gérer ces problèmes de frontières, est aujourd’hui inopérant, car divisé : ce conseil de sécurité restreint regroupe les États-Unis, la France, la Russie, qui ne sont évidemment plus sur la même longueur d’onde. Aliyev, le numéro un azerbaïdjanais, soutenu par Erdoğan, a donc profité de ce boulevard.

De manière plus globale, c’est l’Europe de l’Est et une partie de l’Asie centrale qui sont aujourd’hui en mouvement : l’OTAN renforce sa présence au Kosovo avec l’envoi de 600 hommes (britanniques), les Serbes déployant leurs forces à la frontière ; en Slovaquie, la victoire de Fico et du camp anti-Ukraine aux législatives ne présage rien de bon pour l’UE ; en Pologne, le pouvoir nationaliste est menacé par une grande manifestation pro-UE mais reste devant politiquement ; et en Turquie, un attentat-suicide attribué au Parti des travailleurs du Kurdistan a eu lieu devant le ministère de l’Intérieur.

En 40 ans, le conflit entre le pouvoir turc et les Kurdes a fait 40 000 morts. Des Kurdes qui ne veulent visiblement pas vivre ce qu’on vécu les Arméniens. Dans ce jeu à plusieurs bandes, l’Arménie fait pression sur la Russie en se rapprochant des États-Unis et de l’OTAN pour sa sécurité... Des deux côtés, on attend la réaction de Poutine.

Un nouveau foyer de conflit

 






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