Gaëtan Schmitt, né ni homme ni femme, demandait d’être reconnu de sexe neutre à l’état civil.
Il demandait simplement à être débarrassé de son « sexe de fiction ». Il a perdu. Gaëtan Schmitt (un pseudonyme pour respecter son anonymat), 66 ans, né ni homme ni femme, n’a pas obtenu ce jeudi de la plus haute juridiction française, la Cour de cassation, d’être reconnu de « sexe neutre » à l’État civil. Le revoilà ficelé dans la catégorie « sexe masculin » que ses parents lui ont assigné à sa naissance, sans pour autant l’avoir fait opérer, « couper en deux » comme il dit, pour en faire un « vrai » homme ou une « vraie femme ».
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Pourquoi les hauts magistrats ont refusé au sexagénaire « de pouvoir simplement, comme tout le monde, avoir un état civil qui reflète ce qu’il est », comme l’avait plaidé son avocat Me Bertrand Périer ? Pourquoi n’ont-ils pas voulu « mettre fin à la souffrance quotidienne » d’une personne qui affirme que, « sans l’aide de la méditation transcendantale », elle serait « morte » ? S’il a défendu Gaëtan Schmitt, et à travers lui les quelque 200 enfants qui chaque année viennent au monde « intersexes », Me Périer savait que la partie ne serait pas simple. Et ce même si quelques jours avant l’audience, le président avait dénoncé le sort trop souvent réservé aux intersexes, qui subissent des « mutilations » pour être assignés de force dans la case « masculin » ou « féminin ».
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La bataille de Gaëtan Schmitt est-elle désespérément terminée ? Le sexagénaire va désormais s’en remettre à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), souvent plus pionnière que les juridictions nationales. Si elle n’a encore jamais été saisie du cas d’une personne intersexe, elle cependant déjà rendu des décisions qui sont autant d’avancées vers un sexe neutre. Elle a ainsi (via une décision rendue, 1992) fait plier la France sur les transsexuels. Et ce en affirmant à plusieurs reprises que le sexe psychologique est prépondérant pour ces derniers.