La CIA et les forces spéciales américaines ont lancé en Syrie une opération contre l’organisation terroriste État islamique (EI) indépendamment de la coalition internationale.
Le président américain Barack Obama, privé du soutien des congressistes et constamment critiqué dans son pays et à l’étranger, a préféré tenir cette opération secrète et adapter une « approche hybride ». Cela illustre la « préoccupation croissante » de Washington concernant l’EI, estiment les experts.
La CIA et le Commandement des opérations spéciales de l’armée américaine (SOCOM) participent à cette opération en Syrie, rapporte le Washington Post. Pour rappel, le SOCOM a été le pionnier dans l’utilisation des drones militaires et ce service inclut des troupes spéciales d’élite qui ont combattu en Afghanistan, au Pakistan, et qui ont participé à l’élimination des chefs d’Al-Qaïda.
La CIA s’occupe de l’identification et de la recherche des islamistes, puis le SOCOM se charge de leur élimination. Les militaires travaillent en coopération avec les renseignements jordaniens, les drones sont déployés sur les bases militaires en Turquie, en Jordanie, au Koweït et au Qatar.
Ce recours aux services de renseignement témoigne de la « préoccupation croissante » des USA face à l’EI. Les représentants du Conseil de sécurité nationale, de la CIA et du Pentagone se sont refusés à tout commentaire concernant le déroulement de l’opération, mais ont dévoilé certains détails sous couvert d’anonymat. Les USA appliqueront une « approche hybride » pour préserver le plan proposé auparavant par Barack Obama — une opération aérienne sans intervenir au sol. Cependant, des preuves indirectes confirment que les forces spéciales américaines sont présentes en Syrie. Plusieurs sources affirment que les drones militaires sont utilisés uniquement pour la reconnaissance et n’embarquent pas de munitions, par conséquent il faut faire appel à des soldats pour éliminer les islamistes.
« Évidemment, les forces spéciales américaines se battent contre l’EI. La CIA commande directement l’unité des Bérets noirs, qui s’occupe d’éliminer les chefs de bandes criminelles », affirme Vladimir Batiouk, directeur du Centre d’études militaro-politiques à l’Institut des USA et du Canada affilié à l’Académie des sciences de Russie. Des précédents de participation des forces spéciales existent : en mai, les soldats de l’unité Delta ont éliminé le « trésorier » de l’EI Abou Sayyaf et capturé sa femme.
« Il est impossible de mettre fin au djihad islamique et Washington en est conscient. Les USA souhaitent que la Russie participe à la lutte antiterroriste », a déclaré mardi le porte-parole du département d’État Mark Toner dans une conférence de presse.
Selon Vladimir Batiouk, Washington souhaite élargir la coalition contre les extrémistes islamiques et faire participer d’autres pays, y compris la Russie. Mais la coopération avec Moscou est difficile à cause des divergences sur d’autres questions internationales, notamment la crise en Ukraine.