Il y a quatre ans, après avoir provoqué la plus grande crise économique depuis 80 ans, au bord de la faillite, le secteur bancaire était en procès, y compris au niveau des plus grands dirigeants de la planète. Mais, aujourd’hui, tout indique que les leçons de la crise n’ont pas été retenues.
Entre délits et adaptation des règles
L’actualité récente charrie en effet des informations absolument hallucinantes sur les pratiques du monde bancaire et il est dommage que l’on n’en parle pas davantage que les histoires de traders véreux. Tout d’abord, il y a eu l’histoire des malversations dans la fixation du LIBOR par 16 grandes banques. Il a été prouvé par la justice qu’elles manipulaient ce taux qui sert de base pour des contrats portant sur 800 000 milliards de dollars d’actifs, 10 fois le PIB de la planète !
Ensuite, il y a eu l’accord de 8,5 milliards aux Etats-Unis au sujet des pratiques illégales pour saisir les maisons des ménages surendettés. Un article du Huffington Post souligne que « les banques ont fait de nombreuses erreurs dans la gestion des prêts immobiliers, et que dans certains cas, ces erreurs ont poussé des ménages à la liquidation de leur bien » ! Il complète un autre accord où cinq banques avaient accepté de verser pas moins de 25 milliards de dollars pour les mêmes raisons.
Et quand les banques n’ont pas des pratiques illégales, elles parviennent à agir pour adoucir les contraintes réglementaires, comme le rapporte The Economist. En effet, le comité Bâle, qui fixe les normes bancaires, a annoncé un assouplissement des règles concernant les liquidités. A l’origine, l’idée était d’imposer aux banques de détenir suffisamment d’actifs hautement liquides pour pouvoir couvrir leur besoin de liquidités pendant un mois, et ainsi limiter les risques de crise.
Les banques ont obtenu trois changements majeurs. Tout d’abord, une définition plus large des actifs hautement liquides, puisqu’ils pourront inclure jusqu’à 15% d’actions, MBS ou créances d’entreprises au moins notés BBB (sic). Ensuite, elles ont obtenu que les prévisions de besoins mensuels de liquidités soient basées sur des modèles internes, dont elles auront la complète maîtrise… Enfin, ces changements ne seront mis en place qu’en 2019 et non en 2015 !
Un système bancaire inique !
Naturellement, les banques évoquent l’intérêt général en soulignant que cela leur permettrait de prêter 2 000 milliards de plus aux Etats-Unis et en Europe, mais ne défendent-elles pas seulement leurs intérêts, comme le soutiennent des analystes de Reuters et du New York Times, qui ne sont pas des révolutionnaires ? Tout ceci montre également que le diable se cache dans les détails dans les questions de régulation, créant un voile opaque qui ne semble pas compris par nos gouvernants.
Ces informations révèlent deux autres problèmes. Tout d’abord, quelle est la légitimité du comité Bâle pour fixer les règles bancaires ? Elles doivent être établies sous le contrôle démocratique des représentants du peuple et non confiées à des banquiers, même centraux. Ensuite, les récents accords judiciaires, même s’ils portent sur plusieurs milliards sont-ils de véritables sanctions ? En effet, ils ne représentent peut-être qu’une petite fraction des gains réalisés par ces comportements délictueux…
Ces trois faits divers de l’actualité bancaire donnent de l’eau au moulin à ceux qui dénoncent les banksters. Et avec les profits colossaux réalisés par certaines banques, tout ceci démontre à quel point il y a urgence à réformer radicalement le système financier.