L’Allemand Otmar Issing, un ancien économiste en chef de la BCE, et l’un des pères fondateurs de l’UE, estime que la zone euro pourrait être sur la voie de la dislocation.
C’est ce qu’il écrit dans son nouvel ouvrage, paru cette semaine, « How we save the euro and strengthen Europe » (Comment nous pourrions sauver l’euro en renforcer l’Europe). « Tout indique que nous devrions sauver la zone euro », écrit Issing. « Mais ce que l’on ignore, c’est combien de pays pourront continuer à y prendre part sur le long terme ».
Bien qu’ayant contribué à l’élaboration de la monnaie unique, Issing avait émis des doutes sur la capacité d’une union monétaire à fonctionner sans union politique. Il estime désormais que certains pays devront quitter la zone, mais que l’Allemagne aurait tout intérêt à y demeurer.
Toutefois, il s’abstient de mentionner explicitement les pays auxquels il pense dans son livre, comme la Grèce, par exemple, mais compte tenu qu’elle se trouve au bord du désastre financier et du défaut de paiement, sa sortie de l’union monétaire devient de plus en plus probable.
L’économiste allemand rejette l’idée selon laquelle la BCE devrait assurer un rôle central dans la sortie de la crise de la dette : « Il n’y a pas de solution miracle, et la solution des euro-obligations ou de quelque chose de ce genre signifierait pour moi la fin d’une union monétaire basée sur la stabilité ». « Les politiciens cherchent de moins en moins à résoudre ces problème à la source, et ils ont de plus en plus tendance à se tourner vers la BCE et à en attendre des solutions, mais la BC n’a pas été conçue pour ça », estime-t-il. « C’est une banque centrale, et pas une institution qui doit porter secours aux gouvernements au bord de la faillite. Une banque centrale se comporte toujours comme un prêteur de dernier ressort pour le système bancaire, mais elle ne porte pas secours aux gouvernements ».
Au début de cette semaine, Jean-Claude Juncker, le président de l’euro-groupe, a déclaré que le monde pourrait gérer une sortie de la Grèce de la zone euro, mais que cela ne signifiait pas qu’elle serait souhaitable. « Il y aurait des risques importants, en particulier pour les gens ordinaires en Grèce », a-t-il précisé.