La substitution de l’histoire par la mémoire à des fins politique a fait son œuvre, comme en témoigne la perception du rôle des différents belligérants dans la victoire sur l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale.
Alors que tous les historiens admettent que l’URSS fut le pays qui a le plus contribué à la chute du IIIe Reich (bataille de Stalingrad, prise de Berlin, libération des camps, etc.) au prix de 26,9 millions de morts dans ses rangs (soit 16,11 % de sa population), les États-Unis apparaissent dans un sondage IFOP en 1994 et 2004 comme le principal contributeur à la défaite de l’Allemagne en 1945. Pourtant, les pertes étasuniennes se sont élevées « seulement » à 418 500 morts (soit 0,32 % de leur population), dont la plupart sur le front pacifique, non pas contre l’Allemagne mais contre le Japon. L’importance du rôle de l’URSS par rapport à celui des États-Unis n’a d’ailleurs jamais fait aucun doute, ce qui explique entre autres la conférence de Yalta en Crimée ou encore les gains territoriaux du bloc communiste dans l’immédiat après-guerre.
Pourtant, l’évolution sur soixante ans de ce sondage IFOP (ci-dessous) montre une inversion flagrante des proportions dans l’inconscient collectif et une méconnaissance généralisée de l’histoire. Le résultat d’une propagande quotidienne entretenue par le cinéma et les grands médias et que l’école n’a pas compensée – quand elle ne l’a pas tout simplement accompagnée et amplifiée.
Internet, grâce à un accès facilité à la connaissance, pourrait être le facteur d’un début d’inversement de tendance puisque la dernière version de ce sondage (19-21 mai 2014) donne les États-Unis à 49 % (- 9 %), l’URSS à 23 % (+ 3 %) et la Grande-Bretagne à 18 % (+ 2 %).
Télécharger la synthèse du sondage Ifop :