Planifié depuis longtemps, l’exercice de défense antimissile « Austere Challenge 12″, organisé conjointement par les forces américaines et israéliennes, aurait dû avoir lieu dans « les prochaines semaines » en Israël.
Seulement, officiellement pour des « raisons budgétaires », ces ambitieuses manoeuvres ont été repoussées à la fin de l’année 2012 alors qu’elles auraient dû avoir lieu, au plus tard, au printemps prochain, alors que les tensions avec l’Iran restent vives. C’est du moins ce qu’a annoncé la radio publique israélienne, citant des responsables militaires.
Malgré le flou entourant l’exercice Austere Challenge 12, l’on sait qu’il aurait dû mobiliser des « milliers » de militaires américains et israéliens et qu’il s’agissait d’évaluer tous les systèmes de défense antimissile, avec notamment des simulations d’interception stratosphérique d’engins balistiques. Des manoeuvres similaires, appelées Juniper Cobra, avaient déjà été organisées par les deux pays en octobre 2009.
Cette décision de reporter cet exercice vient alors que les relations entre les Etats-Unis et Israël connaissent un coup de froid en raison de différences d’appréciations au sujet du nucléaire iranien.
Pour Washington, il s’agit d’éviter une opération militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. Ainsi, selon le Wall Street Journal, les responsables américains ne cessent d’envoyer des messages à leurs homologues israéliens pour les mettre en garde sur les conséquences qu’une telle action pourrait provoquer.
Outre un éventuel blocage du détroit d’Ormuz par Téhéran qui pourrait les conduire dans un nouveau conflit en pleine période électorale, les Etats-Unis redoutent également des attaques contre ses intérêts au Moyen Orient, notamment en Irak, où l’Iran dispose de relais parmis les milices chiites irakiennes.
D’autre part, Washington s’inquiète également des conséquences que peuvent avoir les opérations clandestines attribuées au Mossad en Iran. L’assassinat d’un scientifique iranien, la semaine passée, survenu après la mystérieuse explosion d’une base des Pasdarans situées prés de Téhéran, a donné lieu à des menaces de représailles formulées par l’Iran.
Et, pour ne rien arranger, le magazine américain Foreign Policy a dévoilé que le Mossad manipule le mouvement sunnite « Joundallah » (soldats de Dieu), responsable d’attentats dans le nord de l’Iran, en se faisant passer pour la CIA.
Du côté de Tel Aviv, l’on ne comprend par l’attitude de l’administration Obama à l’égard de l’Iran. Le gouvernement israélien souhaiterait qu’elle soit plus ferme dans ses intentions. Ainsi, le vise-Premier ministre Moshe Yaalon, s’est dit « déçu », le 15 janvier, par les hésitations américaines dans le dossier du nucléaire iranien et les a comparées à la fermeté affichée par la France et le Royaume-Uni, qui « adoptent une position très ferme et comprennent que des sanctions doivent être immédiatement imposées à l’Iran ».
« Aux Etats-Unis, le Sénat a adopté une résolution, par cent voix contre une, pour imposer de telles sanctions mais le gouvernement hésite, de crainte de voir s’envoler les prix du pétrole en cette année d’élection », a déclaré Moshe Yaalon à Radio Israël. « A cet égard, c’est décevant », a-t-il ajouté.
En attendant, le chef d’état-major interarmées américain, le général Martin Dempsey, se rendra cette semaine en Israël afin d’y rencontrer son homologue, le général Benny Gantz, ainsi que le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak. Nul doute que la question du nucléaire iranien sera au centre des discussions.