C’est l’émoi dans le Landerneau des magazines féminins ou autres publications inutiles : Axelle Red récidive et s’insurge encore une fois contre l’épilation pubienne – en particulier intégrale – chez les jeunes filles. Nous rajouterions même les moins jeunes, tellement cette mode, apparue à l’orée des années 2000, a contaminé l’ensemble de la gente féminine occidentale – et bien plus encore.
Interrogée sur le sujet par Léa Salamé, la chanteuse belge a donc persisté dans ses propos tenus il y a quelques mois déjà à la télévision flamande : « Les filles de nos jours, les adolescentes, elles ne savent plus si on a le droit d’avoir un poil. Et moi je trouve, très sincèrement, que c’est le résultat d’une société pédophile. Quand on voit les signes de beauté qu’on a dans notre société, ce sont très souvent des signes d’enfance ».
On ne saurait que trop donner raison à Axelle Red qui, un peu seule dans le désert il est vrai, ose dénoncer cette épidémie dépilatoire apparue avec l’Internet haut-débit et la diffusion massive de la pornographie qui, elle, s’était progressivement mise à la déforestation dès le début des années 90. Mais la diffusion encore confidentielle de ladite pornographie n’avait pas atteint les cerveaux de leurs – presque – uniques consommateurs : les hommes.
Car ce sont bien les hommes qui ont trouvé dans cette disparition progressive des poils féminins un certain intérêt (puisqu’il faut bien en croire les chiffres de vente de la pornographie épilée qui s’arrachait là où les femmes naturelles étaient délaissées, presque ringardes). Le marché recyclant tout, il s’est très rapidement adapté à cet engouement et proposa à ses spectateurs des femmes parfaitement glabres de façon presque monopolistique (les nostalgiques étant relégués désormais aux rubriques "poils" ou "bizarre" voire "monstres" – incroyable !).
Sachant qu’en moins de 10 ans (2000-2010) on estime que près de 75% des femmes de moins de 35 ans se sont mises à l’épilation intégrale ou quasi-intégrale, dès lors la question toute logique qui devrait survenir chez tout homme bien éduqué (et encore davantage chez toute femme, même mal éduquée et surtout très stupidement soumise à son environnement), c’est celle de la cause de cet entichement soudain.
En effet, le sexe parfaitement épilée d’une femme ne ressemble-t-il pas à celui d’une fillette plus qu’à tout autre chose ? Dans cette négation de la féminité adulte dont le poil est l’attribut évident, n’y a-t-il pas un fantasme sous-jacent pédophilique qu’aucun consommateur de pornographie ne saurait s’avouer (les commentaires masculins face à ce sujet fleurent souvent la dénégation...) ? D’autre part, dans l’action du rasage, ne retrouve-t-on pas l’avilissement de ces femmes que l’on déshonorait après-guerre (et l’on ne tondait pas que la tête) ? Cette pratique n’est-elle pas une volonté de soumission dégradante ?
Bien sûr, chacun est libre de ses pratiques, dans l’intimité des chambres. Nous ne sommes pas des contrôleurs de braguettes, mais bien plutôt amoureux des Rabelais, des Balzac (lire ses Cent Contes drolatiques...) ou de ces chansons grivoises qui font aussi partie de notre culture française. Mais que peut-on parler encore de liberté et de choix lorsque l’épilation n’est plus une volonté personnelle dans le cadre par exemple d’un amusement polisson (que celui qui n’a jamais péché...) mais est devenue une injonction sociale et psychologique ? Il n’est qu’à voir les forums pour adolescents où le sujet de l’épilation interroge, inquiète, traumatise même parfois, les jeunes filles qui se demandent « ce que va en penser le garçon » ?
Et que l’on ne nous parle pas de confort, de propreté, de respect de l’autre (sic !) et autres fadaises justificatrices. Tous arguments fallacieux contre lesquels même les gynécologues désormais s’émeuvent, devant la pandémie, comme le Dr Emily Gibson qui rappelle le rôle salutaire du poil et les dangers de son épilation.
Il y aurait tant à dire sur ce sujet inépuisable, si révélateur de notre société libérale où tout ce qui peut être un marché devient une norme (le marché de l’épilation et produits apparentés a explosé en 15 ans, expliquant la complicité des magazines féminins dans la fabrication du consentement) et où aucun arrêt n’est jamais mis à la surenchère infinie du plaisir égotique ici et tout de suite, jusqu’à l’écœurement.
Dans une gigantesque inversion de valeurs, notre société pornocratique a donc généré des cerveaux qui fantasment désormais sur une femme devenue fille et trouve inversement peu ragoûtant une femme naturelle. Des cerveaux malades, mais des vrais, ceux-ci, qu’étonnamment les « féministes » n’ont jamais ni détectés ni combattus...
D’ailleurs, puisqu’on parle de cerveaux malades, c’est Yann Moix qui conclut les propos d’Axelle Red en se fendant d’un petit commentaire qui en dit long sur sa propre consommation pornographique : « Et bien je vais me faire traiter de pédophile ce soir… ». Dont acte !