L’histoire de Dawa, de Julien Suaudeau, ressemble étrangement au sombre scénario du vendredi 13 à Paris... L’auteur est sidéré par ces similitudes.
« Perturbant », « déroutant ». A l’autre bout du fil, Julien Suaudeau cherche ses mots pour exprimer son malaise. Celui d’un romancier rattrapé par la réalité, et la pire qui soit. C’est sur Internet, en suivant le match France - Allemagne, que l’écrivain français résidant aux États-Unis a découvert avec horreur les tueries du 13 novembre à Paris.
Mais à l’effroi s’est ajoutée la sidération. Car au fil des heures et des jours, le scénario des attentats s’est dessiné. Et il ressemble terriblement à celui que l’auteur avait bâti dans son roman Dawa, paru en 2014 chez Robert Laffont. Julien Suaudeau y décrivait la préparation, par une cellule terroriste, de six attaques à Paris, prévues un vendredi 13, le tout sur fond de campagne électorale.
« Je n’ai pas réagi tout de suite, explique le père de famille, joint par téléphone à Philadelphie. J’ai d’abord été sous le choc comme tout le monde. J’ai pensé aux proches, aux amis. J’étais bouleversé, en colère, triste. Et puis j’ai compté le nombre d’attaques, j’ai repéré d’autres similitudes, peut-être moins frappantes : la présence d’une fratrie parmi les terroristes, et même celle d’une jeune fille originaire de la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois. »
D’autres que lui, lecteurs et journalistes, ont eux aussi été frappés par ce faisceau de coïncidences. Alors Julien Suaudeau prend soin de désamorcer toute interprétation farfelue : « Il n’est pas question de dire que j’ai écrit un livre prophétique ! Ni de penser que le roman a servi d’exemple aux terroristes. S’ils avaient lu ne serait-ce qu’un seul livre, le Coran dont ils se réclament, ils n’auraient jamais commis ces attentats. Je peux juste dire, sans être présomptueux, que Dawa était un roman vrai, fondé sur une connaissance précise de la société française, des banlieues aux beaux quartiers. »