« Paul Biya, si tu ne mets pas fin à ton plan maléfique, tu vas avoir droit au même sort que le Nigeria (…) Tes soldats ne peuvent rien contre nous », avait menacé Abubakar Shekau, le chef du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, dans un enregistrement vidéo diffusé le 5 janvier et adressé au président camerounais.
Après avoir pendant longtemps sous-estimé la menace que pouvait représenter Boko Haram, le Cameroun a fini par prendre des mesures visant à empêcher les infiltrations jihadistes dans l’extrême-nord de son territoire en lançant les opérations « Alpha » et « Émergence », avec des renforts militaires à la clé. Du coup, les combats y sont à la fois de plus en plus fréquents et meurtriers.
Mais Boko Haram semble chercher directement la confrontation avec les forces camerounaises en attaquant leurs bases, comme ce groupe jihadiste l’a fait dans le nord du Nigéria. Ainsi, fin décembre, il s’en est pris au camp militaire d’Assighasia, ce qui a contraint les avions de combat camerounais (des Alphajet, ndlr), à intervenir. Et cela pour la première fois.
Un peu plus de deux semaines plus tard, bis repetita. Mais cette fois, c’est la base militaire de Kolofata (nord-ouest) qui a été attaquée par Boko Haram. « Les combats étaient intenses, mais ils ont été repoussés. Nous avons fait des victimes dans leur camp. Il n’y en pas de notre côté », a indiqué, auprès de l’AFP, et sous couvert de l’anonymat, un officier du Bataillon d’intervention rapide (BIR), unité d’élite des forces armées camerounaises.
Ce n’est pas la première fois que la ville de Kolofata est visée par Boko Haram. Ainsi, en juillet 2014, les jihadistes y avaient mené un raid au cours duquel ils tuèrent 27 personnes et en enlevèrent plusieurs autres.
Par ailleurs, Boko Haram continue de semer la désolation dans le nord du Nigéria. Le groupe jihadiste a ainsi rasé de la carte 16 villages de la région de Baga, près du lac Tchad, et tué probablement plus de 2 000 personnes. Il s’est emparé d’une vingtaines de localités afin d’établir un « califat », à l’image de ce qu’a fait l’État islamique en Irak et en Syrie.
Outre les massacres de masse, Boko Haram n’hésite pas à utiliser des enfants pour commettre des attentats suicides. Ainsi, une fillette de 10 ans a actionné les explosifs qu’elle portait sur le « Monday Market » de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, qui est un objectif du groupe jihadistes. 19 personnes y ont laissé la vie.