Le coût du paquet de sauvetage pour la Grèce n’était qu’une bagatelle par rapport aux besoins de l’Ukraine, en proie à une profonde crise économique et politique, a déclaré lundi le commissaire européen à l’Energie Guenther Oettinger, après l’annonce de l’arrêt des livraisons du gaz russe à l’Ukraine.
"Si nous voulons aider l’Ukraine, pays de 45 millions d’habitants, la Grèce n’a été qu’une bagatelle comparé à cela", a déclaré M. Oettinger à Bratislava, capitale de la Slovaquie, voisine de l’Ukraine.
"Cela ne peut pas se faire en un été. Cela va nécessiter une aide se chiffrant à des milliards, avec la participation de nos contribuables et de nos électeurs, de la Commission européenne, des États-Unis, du Canada et du Fonds Monétaire International", a-t-il souligné.
"Mais si nous ne sommes pas prêts à leur apporter notre aide, le coût d’une guerre civile et de la scission d’un pays aussi grand sera incomparablement plus élevé", a averti le commissaire.
La Russie a décidé lundi de couper les livraisons du gaz à l’Ukraine après l’échec de leurs négociations, au risque d’affecter l’Europe et d’aggraver le pire conflit sur le continent depuis la fin de la Guerre froide.
L’Ukraine, engagée dans un bras de fer avec la Russie et le géant énergétique Gazprom, a constaté lundi matin que les livraisons de gaz avait été réduites à zéro, a rapporté le ministre ukrainien de l’Energie, Iouri Prodan, tout en assurant qu’en dépit de cette rupture d’approvisionnement, l’Ukraine continuerait de fournir un transit fiable à l’Europe.
Près de la moitié du gaz importé de Russie en Europe, soit environ 15% de la consommation européenne, transite par le territoire ukrainien.
Cette troisième guerre de gaz entre la Russie et l’Ukraine depuis 2006 a éclaté après que Moscou eut doublé le prix du gaz vendu à l’Ukraine, après l’arrivée au pouvoir à Kiev de dirigeants pro-occidentaux fin février, conséquence de la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.
Les stockages en Ukraine servent notamment à assurer la fluidité du transit. Ils sont constitués pendant les mois d’été. Si l’Ukraine y puise dans les semaines et mois à venir pour sa consommation, cette ressource pourrait, faute d’être reconstituée, manquer à l’UE l’hiver prochain.
M. Oettinger a averti que l’Europe pourrait être confrontée cet hiver à une pénurie de gaz si l’Ukraine puisait dans les réserves présentes sur son sol.