Les opérations interétatiques en dollars et en euros pourraient être interdites sur le territoire de l’Union économique eurasiatique (Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Arménie), écrit mardi 2 décembre le quotidien Izvestia.
Le passage aux opérations en monnaies nationales exclusivement (roubles, roubles biélorusses, tenges, drams) est prévu d’ici 2025-2030. Cette proposition fait partie du projet de développement des systèmes de paiement sur le territoire de l’Union économique eurasiatique (UEE), explique Alexandre Mourytchev, président du conseil d’administration du Conseil national des paiements et vice-président de l’Union russe des industriels et des entrepreneurs.
Selon lui, il faudra monter l’infrastructure pour cet espace de paiement commun des pays membres, permettant de réaliser des virements compte tenu de la compatibilité des systèmes de cartes nationaux, y compris le système national russe des cartes de paiement en cours de création et les systèmes déjà existants : Belkart (Belarus) et Armenian Card (ArCa). Le document préconise également l’abandon de la circulation du dollar et de l’euro sur le territoire de l’UEE.
« La création d’un espace de paiement commun dans l’UEE nécessitera la mise en place d’un système d’opérations multidevises, ou le passage accéléré à un espace monétaire commun. En parallèle, il faut soulever auprès des banques nationales la question de l’exclusion du dollar US et de l’euro de la circulation monétaire interétatique. Selon les statistiques, près de la moitié des paiements mutuels entre les pays de l’UEE sont aujourd’hui effectués en devises étrangères, en dollars et en euros, ce qui accroît la dépendance de l’Union envers les économies afférentes. Pour résoudre ce problème, il faut combiner les mesures d’action administrative et de stimulation économique. Par exemple, interdire les paiements en dollars et en euros (une telle interdiction est en vigueur pour ceux qui résident en Russie) », souligne Alexandre Mourytchev.
L’acte fondateur de l’UEE a été signé le 29 mai 2014 à Astana. Cette institution est considérée comme l’étape suivante du développement de l’Union douanière et vise la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre entre les pays, ainsi que la coordination de la politique dans les secteurs clés de l’économie – l’énergie, l’industrie, l’agriculture, le transport. Les pays membres ont l’intention de mettre en place d’ici 2025 un régulateur financier à Almaty, qui permettra de contrôler la mise en œuvre d’une politique macroéconomique et antimonopole commune. L’accord entrera en vigueur le 1er janvier 2015.
De plus, le Kirghizstan a annoncé son intention d’adhérer à l’UEE à partir de cette date.
Il convient de noter que l’UEE représente un cinquième des réserves mondiales de gaz et presque 15 % de pétrole.
D’après la Commission économique eurasiatique, à l’heure actuelle les opérations entre les membres de l’Union douanière sont effectuées à 50 % en roubles, à 40 % en dollars, à 8-9 % en euros et à 1 % en d’autres devises.
Le Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) a soutenu l’idée d’un abandon du dollar et de l’euro dans les opérations sur le territoire de l’UEE. « Pourquoi devrions-nous admettre des pays qui ne sont pas membres de l’UEE dans les échanges commerciaux avec l’Arménie, la Biélorussie et le Kazakhstan, par le biais des opérations en dollars et en euros ? L’émission du dollar est actuellement très importante, l’effondrement de l’économie américaine n’est pas à exclure, la dette extérieure des USA est très élevée. En s’orientant sur le dollar, nous le renforçons. Alors que si on utilisait des devises nationales dans nos opérations, elles se renforceraient – notamment du rouble », conclut l’expert.