"La perspective du déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU est aujourd’hui partagée et correspond à une attente exprimée par les autorités de transition. Notre engagement rapide, déterminé, est ainsi à l’origine d’une dynamique de la communauté internationale que nous devons continuer d’encourager", a déclaré Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, en s’adressant aux personnels du Régiment d’Infanterie Chars de Marine (RICM), le 3 mars, à Poitiers, lors de cérémonie d’hommage au caporal-chef Dolet, mort accidentellement en Centrafrique, dans le cadre de l’opération Sangaris.
Le soir même, justement, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a livré ses recommandations au Conseil de sécurité au sujet de la mise en place d’une opération de maintien de la paix en République centrafricaine.
Le rapport de M. Ban préconise ainsi le déploiement de 11 820 casques bleus, dont 10 000 soldats et 1 820 policiers, avec pour mission prioritaire, dans une "phase initiale", la "protection des civils". Par la suite, le mandat de cette opération sera progressivement élargi au "soutien au processus politique" de transition, ce qui passe par la restauration de l’autorité de l’Etat et l’organisation d’élections, l’acheminement de l’aide humanitaire et le retour des milliers de personnes déplacées dans leurs foyers.
Le plan prévoit que les soldats déployés sous la bannière des Nations unies auront d’abord à "assurer les besoins de sécurité immédiats", puis que "la police sera déployée progressivement et remplacera la majeure partie du personnel militaire au fur et à mesure que la sécurité s’améliorera", dans un premier temps à Bangui, puis dans les provinces. Ensuite, cette opération disposera d’une importante composante civile, avec des administrateurs, des ingénieurs ou encore des juristes, dont la mission sera de rétablir l’administration centrafricaine et d’organiser les élections.
"Malgré l’efficacité de plus en plus grande de la MISCA (ndlr, Mission internationale de soutien à la Centrafrique, mandatée par l’Union africaine) et de Sangaris, le déploiement de forces internationales n’est pas suffisant et il manque une composante civile", a fait valoir Ban Ki-moon dans son rapport. "Compte tenu des menaces (..), il faut davantage de troupes en RCA (..) mais pour réagir à la situation actuelle de violence et d’impunité, une réponse militaire n’est pas suffisante, aussi énergique soit-elle", a-t-il ajouté.
Alors que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ne compte que 6 802 militaires et policiers sur un effectif prévu de 16 640 personnels en uniforme, il devrait être également compliqué pour la future opération prévue en Centrafrique d’atteindre le niveau recommandé par Ban Ki-moon, même si les troupes de la MISCA, qui comptent 6 000 hommes, passent sous la bannière de l’ONU.
Qui plus est, la mise en place de cette opération en Centrafrique ne sera pas immédiate. Selon des responsables des Nations unies, elle ne serait effective, au mieux, qu’en septembre, voire octobre. "Il n’y a pas de remède miracle en RCA, répondre à cette crise va demander du temps et des moyens car l’ampleur des besoins intimide", a en outre expliqué M. Ban.
Mais avant, il faudra passer par l’adoption d’une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité pour donner un feu vert à cette nouvelle opération, dont le coût est évalué entre 500 et 800 millions de dollars par an.. Un texte devrait y être soumis d’ici la fin du mois de mars.
En attendant, il faudra donc compter sur les troupes françaises engagées en Centrafrique, comme celles de la MISCA et de la future mission européenne EUFOR RCA. S’agit de l’action de la force Sangaris, M. Le Drian a expliqué qu’elle se "tourne désormais vers la province, où il faut sécuriser les zones qui se trouvent encore sous l’emprise de milices et de groupes criminels".
Actuellement, a-t-il ajouté, "plus du tiers des forces de Sangaris est déployé" en dehors de Bangui. Et l’arrivée du sous-GTIA "Dragon", en provenance du Tchad et armé par un peloton du 12e Régiment de Cuirassiers et deux sections du Régiment de Marche du Tchad (RMT), va "renforcer encore" la capacité de manoeuvre. "L’enjeu, a fait valoir le ministre, est de mieux garantir la sécurité des axes routiers, pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire essentiellement en provenance du Cameroun" et, "en parallèle", de "faciliter le rétablissement progressif de l’État" tout en assurant "en priorité la sécurité de proximité" grâce au déploiement de gendarmes.