Les membres de l’International Telecommunications Union (ITU) de l’ONU se sont mis d’accord pour travailler sur des standards de l’Internet qui permettraient une mise sous surveillance des usagers à l’échelle mondiale.
Dans une conférence à Dubaï cette semaine, les membres de l’ITU ont décidé d’adopter le standard Y.2770 pour un Deep Packet Inspection (DPI), une proposition top-secrète qui, à l’image de la Chine, permettrait aux entreprises de télécommunications à travers le monde de creuser plus avant et de stocker les données circulant sur la toile.
D’après l’ONU, utiliser les DPI sur une telle échelle globale permettrait aux autorités de détecter plus facilement les transferts et les partages de matériaux à copyrights et d’autres fichiers protégés, en trouvant une façon pour les administrateurs d’analyser les données des transmissions sur la toile et pas seulement les données d’en-tête, qui sont généralement identifiées et interprétées.
« C’est une procédure standard que de canaliser les packets d’information en se fiant aux en-têtes, après tout, cela est la partie qui contient les informations sur la destination de l’information », écrit Lawrence Lati de l’Inquirer, « mais en inspectant les contenus de chaque packet d’ISP, les gouvernements et quiconque d’autre, peuvent regarder des données sensibles. Bien que les utilisateurs peuvent limiter les risques d’interception en encryptant les données, suffisamment de ressources d’encryptage peuvent être craquées. »
Tim Berners-Lee, un scientifique informatique que beaucoup regardent comme étant le « père de l’Internet », s’est élevé contre cette mesure de lecture des DPI sur une telle échelle, en s’adressant plus tôt dans l’année dans une conférence du World Wide Web Consortium.
« Quelqu’un attache un de ces intercepteurs de DPI sur votre câble et peut lire chaque paquet d’information, peut réassembler les pages Internet visionnées, les cataloguer sous votre nom, votre adresse, votre numéro de téléphone, pour être soit donné au gouvernement lorsqu’il le demande ou pour être vendu au plus offrant, ceci est une chose très sérieuse au sujet de l’ingérence dans la vie privée des gens », a-t-il dit.
Le blogueur Arthur Herman écrit cette semaine pour Fox News en ligne que le but des délégués de l’ITU est « de reprendre le contrôle du World Wide Web aux Etats-Unis et le donner aux bureaucrates de l’ONU. Ce sera la plus grosse prise de pouvoir de l’histoire de l’ONU, ainsi qu’une perversion de ce pouvoir », a-t-il prévenu.
Le secrétaire général de l’ITU, le Dr Hamadoun I. Touré, a balayé les critiques qui ont dépeint le modèle proposé de DPI comme étant invasif, écrivant cette semaine un éditorial où il insiste sur le fait que la réunion de son organisation à Dubaï ne pose « aucun danger à la liberté d’expression ».
« Ceci est notre chance de tracer une carte routière pour connecter les non-connectés, tout en s’assurant qu’il y ait l’investissement pour créer l’infrastructure nécessaire pour la croissance exponentielle du trafic audio et audio-visuel en ligne », a déclaré le Dr. Touré durant la conférence, ajoutant que cela présente pour l’ONU « une opportunité en or de donner une connectivité bon marché pour tous, incluant les milliards d’êtres humains sur la planète qui ne peuvent pas être connectés sur la toile ».
Malgré son explication, quelques nations et quelques grands noms du milieu des affaires en ligne sont demeurés opposés à cette proposition. La conférence de l’ITU cette semaine s’est déroulée à huis-clos et les représentants des grands prestataires de service Internet comme Google, Facebook et Twitter n’ont pas pu y participer.
Dans un rapport publié cette semaine par CNet, le journaliste Declan Mc Cullagh cite un document coréen qui décrit le document confidentiel standard Y.2770 comme étant capable « d’identifier des données watermark incluses dans les paquets MP3, de découvrir les contenus audios protégés par les droits d’auteur, de trouver des messages Jabber dans les textes espagnols et d’identifier les utilisateurs de téléchargements BitTorrent ».
Mercredi, la Chambre des représentants américaine a unanimement passé une résolution demandant au gouvernement de s’opposer aux efforts des Nations unies à contrôler l’internet.