Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l’unanimité, ce 28 janvier, la résolution 2134 portant sur la situation en Centrafrique. Cette fois, ce texte autorise l’envoi dans ce pays d’une mission militaire de l’Union européenne, ce qui n’était pas le cas avec celui qui avait été voté le 5 décembre dernier (n°2127), lequel avait permis à la France de lancer l’opération Sangaris.
Avec la résolution 2134, le Conseil de sécurité a donc décidé de mettre sous mandat des Nations unies les 500 militaires européens qui doivent épauler les 1 600 Français de l’opération Sangaris ainsi que les troupes africaines de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique), dont les effectifs doivent passer de 4 000 à 6 000 hommes, selon les intentions affichées de l’Union africaine.
Cette mission militaire européenne (EUFOR RCA Bangui) a quant à elle été approuvé le 20 janvier dernier par les ministres des Affaires étrangères des 28 Etats membres de l’UE. Elle sera chargée d’assurer la protection de l’aéroport M’Poko de Bangui, d’une importance cruciale, afin de permettre aux militaires français et africains de se consacrer aux opérations de désarmement des milices armées dans d’autres parties du pays.
Pour le moment, l’on ne connaît pas encore le détail des contributions des membres de l’UE à cette mission, qui sera commandée depuis le quartier général opérationnel de Larissa (Grèce) par le général français Philippe Pontiès, actuellement commandant de l’Etat-Major de Force n°3 de Marseille. L’Estonie et la Finlande ont déjà fait part de leur intention d’envoyer respectivement 55 et 20 soldats à Bangui. D’autres pays, comme l’Allemagne, ont promis un soutien logistisque mais il n’est pas question d’y déployer des troupes au sol.
La résolution 2134 autorise les militaires européens à "prendre toutes les mesures nécessaires", c’est à dire y compris l’usage de la force, pour défendre et protéger les civils. Cette disposition avait été adoptée pour les forces françaises ainsi que celles de la MISCA.
La mission EUFOR RCA Bangui devrait durer 6 mois. Après, l’on ignore quelle sera la situation en Centrafrique. A terme, cependant, il est probable qu’une opération des Nations unies prenne le relai, avec 10 000 casques bleus au moins pour sécuriser l’ensemble du pays.
Par ailleurs, la résolution 2134 menace de sanctions ciblées (interdiction de voyager, gels d’avoirs financiers) tous ceux qui menacent la stabilité et la paix en Centrafrique ou qui feraient obstacle au processus politique de transition, bloquent l’aide humanitaire, commettent des exactions ou violent l’embargo sur les armes. Les personnes éventuellement sanctionnés devront être désignées ultérieurmeent par un comité dépendant du Conseil de sécurité. La France a déjà quelques noms sur une liste, a indiqué Gérard Araud, l’ambassadeur français auprès des Nations unies.
Enfin, le Conseil a fixé à février 2015, au plus tard, voire au second semestre 2014, au plus tôt, l’organisation d’élections présidentielles et législatives. Pour cela la Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix (BINUCA) sera sollicité. Ce dernier aura également à assister la commission formée pour enquêter sur les violations des droits de l’homme commises en Centrafrique depuis 2013.
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