Hreidar Mar Sigurdsson, l’ancien CEO de la Banque islandaise Kaupthing, et Sigurdur Einarsson, l’ex-président de son conseil, vont passer 5 ans derrière les barreaux, a décidé la Cour de Reykjavik.
Ils ont été accusés de fraude et manipulation de marché dans une affaire qui se rapporte à la prise de participation de 5% du capital de la banque, seulement quelques jours avant sa mise en faillite, par le Cheikh Mohammed Ben Khalifa Ben Hamad Al Thani du Qatar.
L’Islande est quasiment le seul pays du monde occidental à avoir lancé des poursuites au pénal contre les dirigeants qui ont dirigé les 3 plus grosses banques qui se sont effondrées en ruinant le pays, alors que leur total de bilan combiné dépassait le décuple de l’économie du pays.
Les dirigeants de deux autres banques, Glitnir et Landbanki, ont été eux aussi mis en accusation par le procureur spécial de l’Islande, Olafur Hauksson. Les 3 banques combinées représentaient 90% des activités du système financier finlandais et elles ont été mises en dépôt de bilan après avoir exagérément octroyé des crédits.
Dans le cas de la banque Kaupthing, ses dirigeants ont été condamnés parce qu’il est apparu qu’ils avaient prêté de l’argent pour permettre à l’investisseur qatari d’acquérir la participation dans la même banque. Ce n’était pas la première fois que ce type de montage était utilisé : les dirigeants de deux autres banques de stature internationale, Credit Suisse et Barclays, ont également prêté de l’argent à un investisseur pour lui permettre de prendre des participations dans leur banque. Ces manœuvres frauduleuses avaient à chaque fois pour but d’améliorer la présentation des comptes et de dissimuler les difficultés de ces banques.
Deux autres personnes ont été jugées : Magnus Gudmundsson, l’ancien directeur de la filiale luxembourgeoise de Kaupthing, qui a écopé de trois ans de prison, et Olafur Olafsson, l’un des principaux actionnaires de Kaupthing, qui a été condamné à trois et demi de prison.
Toutes les personnes condamnées devraient faire appel.
Ces condamnations illustrent l’approche différente adoptée par l’Islande par rapport au reste de la zone euro pour faire face à la crise financière. Contrairement à celle-ci, le pays n’a pas porté secours à ses banques en difficulté, mais il les a laissées faire faillite.
Ce sont donc les créanciers de ces banques, et non les contribuables, qui ont subi les pertes correspondantes. Ces créanciers attendent toujours de recevoir les compensations liées à la cession du patrimoine immobilier de ces banques en raison d’un litige qui les oppose à l’Etat qui doit déterminer quelle sera leur contribution finale.
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